Le port artificiel d’Arromanches, témoin de l’histoire

Il est 3 heures du matin le 6 juin 1944 lorsque l’aviation alliée bombarde les batteries allemandes de Longues-sur-Mer, dans le Calvados. Les Britanniques débarquent vers 7h30. Le même jour, cent trente-deux remorqueurs s’approchent des côtes normandes pour installer des brise-lames flottants afin de casser l’effet de la houle.

De vieux navires suivent : ils seront coulés à environ deux kilomètres du rivage au large des cinq plages du débarquement Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Ils fournissent ainsi un abri en eau calme pour faciliter le déchargement des petits navires. Le 10 juin, des caissons en béton (jusqu’à 60 m de longueur et 18 m de hauteur) sont déposés à une dizaine de mètres de profondeur. Ils protègent les plus gros navires.

À Arromanches-les-Bains pour les troupes anglo-canadiennes et à Saint-Laurent-sur-Mer pour les américaines, des quais sont ajoutés pour décharger en continu les troupes alliées, du matériel et des camions de ravitaillement. Le but : remédier aux deux seuls ports normands en eau profonde du Havre et de Cherbourg, trop éloignés des zones de débarquement et sous le commandement de l’ennemi. Mais dès le 19 juin, une tempête dévastatrice stoppe les opérations pendant trois jours.

Si le port artificiel de Saint-Laurent est anéanti, celui d’Arromanches tient bon. Le flot d’approvisionnement reprendra le 23 juin, jusqu’au 19 novembre 1944. Les deux infrastructures, appelées Mulberry, auront permis de débarquer 2,5 millions d’hommes, 500 000 véhicules et 4 millions de tonnes de matériel, et d’évacuer des milliers de blessés.

La conception et la fabrication de ces digues et jetées ont demandé un an de préparation aux Britanniques et Américains. Alors qu’on s’apprête à fêter les 80 ans du débarquement, sur la plage d’Arromanches, des vestiges du « D-Day » sont encore visibles. Au gré des marées, certains sont même accessibles à pied.