La tête ailleurs Escale au Qatar

Les deux fenêtres ovales au sommet du musée d’art islamique à Doha évoquent les yeux d’une femme voilée. Érigé sur une île artificielle, cet édifice est signé Ieoh Ming Pei, le concepteur de la Pyramide du Louvre à Paris. Le musée national du Qatar arbore, quant à lui, l’étonnante forme d’une rose des sables. Là aussi, un lauréat du « Nobel de l’architecture », le prix Pritzker, a été sollicité : le Français Jean Nouvel.

Le Qatar, ce richissime état gazier mise sur la culture. Devenue une figure internationale de l’art contemporain, la sœur de l’émir, cheikha Al-Mayassa Bint Hamad Al-Thani, a transformé le Qatar en galerie à ciel ouvert. Elle avait commencé par inviter le sculpteur américain Richard Serra à dresser quatre plaques d’acier en plein désert : une réflexion sur l’écoulement du temps. À Doha, l’ancienne caserne de pompiers, la « Fire Station », fourmille de créativité. « C’est une capitale à l’avant-garde et ouverte, sans censure », affirme l’un des artistes en résidence, cheveux teints en blond peroxydé, Madonna sur son tee-shirt.

Une araignée géante de la plasticienne française Louise Bourgeois trône dans le hall du Centre national des conventions. Au souk Waqif, reconstitution d’un marché bédouin, un pouce doré de César trône dans les allées où flâner entre les étals d’épices, de parfums, de tapis, de bijoux, de faucons et d'autres oiseaux. Enfin, dessinée par le néerlandais Rem Koolhaas – lui aussi prix Pritzker -, la Bibliothèque nationale de verre et d’acier, gratuite, veut incarner une vitrine progressiste. L’ancien port de pêcheurs de perles a laissé place à une ligne d'horizon étincelante entre mer et désert.

La première exposition du flambant neuf « 3-2-1 Qatar Olympic & Sports Museum » est bien sûr dédiée au ballon rond. Il se situe en bordure du stade Khalifa International qui va accueillir la 22^e Coupe du monde de football, du 21 novembre au 18 décembre. L’enceinte a été climatisée, une aberration écologique qui fait polémique, parallèlement au statut précaire des ouvriers qui l’ont rénovée.