La tête ailleurs Sur l’île Éléphantine
Au sud de l’Égypte, à l’écart de la ville d’Assouan, une île abrite des villages nubiens. Un mode de vie rural subsiste sur cette langue de terre au milieu du Nil.
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Le jour paraît au-dessus d’Assouan, capitale de la Haute-Égypte ancrée en plein désert aux rives du Nil. Sur l’île Éléphantine, les chants des coqs succèdent à ceux des muezzins. Ici, quatre mosquées accueillent les prières. Édifiées au milieu des maisons en briques de terre, elles font partie intégrante des villages nubiens. Plus de 500 familles vivent sur cette terre de 1,5 km de long et 500 m de large. Certaines ont la chance de posséder des volailles, une vache, un âne, ou encore une parcelle où faire pousser des légumes et un peu de maïs. Ancestrale, cette agriculture de subsistance perdure de nos jours, dans des secteurs de l’île appelés La Ferme et Animalia, qui portent bien leurs noms.
Près de très hauts manguiers, un carré labouré fait face à une maison de trois étages aux murs peints de dessins naïfs et colorés. Il s’agit du musée Animalia. Au rez-de-chaussée, le visiteur découvre qui sont les Nubiens, les héritiers d’une civilisation montée sur le trône d’Égypte entre - 750 et - 30 avant J.-C. « La femme nubienne joue un rôle central en tant que responsable de la maison, de l’éducation des enfants, de la nourriture et de l’eau que nous filtrons dans une jarre en terre », explique Wesam, qui conduit la visite dans un bon anglais. Elle poursuit en montrant des pièces d’artisanat en fibres de palmiers dattiers : des cordes, des paniers ainsi que des nattes. Durant des siècles, les Nubiens ont eu un mode de vie traditionnel.
Entre 1960 et 1973, le barrage hydroélectrique d’Assouan est construit afin d’alimenter le pays en eau et en électricité, réguler les crues et développer l’irrigation. Mais il provoque un drame : 43 villages nubiens sont engloutis, des milliers de personnes sont déplacées. Les terres cultivées et trois millions de palmiers sont noyés. « Imaginez un peuple qui a toujours vécu au bord du Nil, de pêche et d’agriculture, soudain obligé de vivre dans le désert », commente Wesam devant des photos épinglées au mur. Son père, qui a trouvé refuge sur l’île Éléphantine, y a créé ce petit écomusée, un espace de mémoire.
Alexie Valois
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