La tête ailleurs Magnétique Sahara
L’explorateur Théodore Monod avait pour terre de prédilection l’Adrar, en Mauritanie. Une destination fétiche pour les amateurs d’aventure, au pas balancé des dromadaires.
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Théodore Monod, le grand spécialiste français des déserts, foula son sable en 1934 puis, émerveillé, ne cessa d’y revenir jusqu’à la fin des années 1990. Le plateau de l’Adrar, en Mauritanie, s’arpente en trek dans les traces de ce naturaliste explorateur décédé en 2000. Ses dunes prennent la forme de croissants ou de sabres selon la direction du vent, entre canyons et oasis où s’épanouissent palmiers-dattiers et plants de tomates ou de henné.
La « Sorbonne du désert »
Le premier campement est installé à Chinguetti, la « Sorbonne du désert », fondée au XIIe siècle et classée au patrimoine de l’humanité. Dans ses rues, désormais ensablées, il faut imaginer les caravanes chargées d’or, d’épices et d’esclaves qui s’y croisaient autrefois par milliers. La septième ville sainte de l’Islam servait de point de départ pour la Mecque. Son minaret est coiffé de cinq œufs d’autruche et ses murs, en pierres sèches, abritent douze bibliothèques.
Plus de 7 000 manuscrits y sont conservés dans de simples boîtes en carton. « Le texte le plus ancien possédé par ma famille est un coran de 1439 », indique un bibliothécaire, Seif Islam, avant de réciter un poème, drapé dans son élégant boubou bleu.
Dans le lit d’un oued, près d’un puits, des femmes maures vendent des calebasses gravées. Pas loin, des bergers veillent sur leurs chèvres. Si des peintures rupestres témoignent de la présence ancienne de girafes ou d’éléphants, les animaux restent rares, hormis les empreintes laissées par un fennec dans le sable ocre.
Théodore Monod a évalué à environ trois cents le nombre d’espèces végétales présentes sur ce territoire aride. La sieste se révèle particulièrement divine à l’ombre d’un acacia, dont les épines nourrissent les dromadaires qui les mastiquent durant des heures.
Le soir, le thé est servi avec cérémonie au coin du feu, en trois fois : le premier amer comme la vie, le deuxième doux comme l’amour, le troisième suave comme la mort. Il est indissociable de l’aventure nomade. Le bivouac se fait sous la khaïma, une large tente, ou à la belle étoile, sous le ciel magique du Sahara.
Mathilde Giard
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