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Raisonner les apports d’eau en arboriculture

Les pommiers peuvent prospérer avec une quantité d’eau judicieusement dosée.

Face aux restrictions hydriques, quels sont les leviers d’adaptation ? Résultats d’expérimentations de SudExpé et de la Sica Centrex sur les productions de jeunes pommiers et de pêchers.

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Si les besoins en eau des pommiers adultes sont relativement bien connus des producteurs, tel n’est pas le cas sur les jeunes vergers. « La pratique courante est d’irriguer à 50 % de ce que préconise le bilan hydrique pour des vergers adultes. Or, la surface foliaire étant largement inférieure de 50 % à celle d’un arbre adulte, les mesures effectuées ont montré que les besoins étaient largement surestimés, augmentant le risque d’asphyxie racinaire. Cela peut provoquer un blocage de la pousse, voire un dépérissement de l’arbre », indique Julien Chabat, de SudExpé.

Aussi l’institut technique a-t-il lancé le projet « Oreve » pour améliorer les connaissances sur leurs besoins. Les essais ont été conduits de 2021 à 2023, dans l’Est montpelliérain, sur la variété Gala, avec une densité de plantation de 4 m x 1 m et une irrigation au goutte-à-goutte. Trois modalités ont été mises en place : une irrigation à 50 % qui est la référence producteur ; la seconde pilotée par les outils d’aide à la décision ; la troisième pilotée par un coefficient de volume de végétation.

Des besoins en eau calculés sur le volume foliaire

La mesure du volume foliaire de la canopée a été réalisée par satellite, drone, Lidar et l’ombre de l’arbre au sol au midi solaire. Tous présentant des résultats insatisfaisants, un autre indicateur a été adopté : le TRV (Tree Row Volume), ajusté par un coefficient de volume de végétation (KVV). Ce dernier a été défini en référence à une période de confort hydrique pour l’arbre et affiné grâce à des mesures hebdomadaires du volume foliaire.

Avec la modalité 50 %, le rendement obtenu est inférieur d’une tonne par rapport aux deux autres. S’agissant de l’évolution des volumes foliaires, aucune différence significative n’a été observée entre les trois modalités, pas plus que sur le calibre des fruits. « La différence notable est sur l’économie d’eau. Pour la première année entre la modalité 1 et la modalité 3, l’économie est de 45 %, puis de 37 % la deuxième année, et de 25 % la troisième année. Cette réduction est normale, car plus on approche de la mise en production de l’arbre, plus l’irrigation suit la référence producteur », analyse-t-il.

Pêchers : réduction des apports d’eau

Le projet « Ecoeau Arbo 2024-2026 » a, lui, pour but de conduire les vergers de pêchers en réduisant les apports d’eau sur les périodes les plus à risque sécheresse. Trois modalités ont été étudiées sur 168 arbres de variété Orine, plantés en 2012 dans les Pyrénées-Orientales : une irrigation au goutte-à-goutte à 100 % du besoin estimé des plantes ; une réduction à 75 % ; et la dernière à 50 %. « On a joué sur le nombre de goutteurs par arbre pour réduire les apports en eau, avec quatre goutteurs pour la modalité à 100 %, trois goutteurs pour celle à 75 % et deux goutteurs pour celle à 50 % », indique Aude Lusetti, de la Sica Centrex.

Lors de l’éclaircissage des arbres, ces derniers étaient moins chargés et les fruits moins noués, avec un apport d’eau réduit à 50 %. À la récolte, la perte de rendement était de 23 %, et de 15 % avec la modalité 75 %. Sur les fruits présentant des défauts, il n’y a pas de différences significatives entre les trois modalités. En revanche, les calibres sont plus petits sur les modalités 75 % et 50 %, et le poids moyen en retrait de 11 % sur la modalité 50 %, par rapport au 100 %. « Si la perte de chiffre d’affaires de 10 % n’est pas significative sur la modalité 75 %, elle atteint 31 % sur la modalité 50 % », relève Aude Lusetti.

Imposer l’arrosage un jour sur deux en période de sécheresse implique aussi une modification du système d’irrigation pour pouvoir répondre aux besoins des plantes, ce qui nécessite des investissements. « D’autres pistes sont envisagées, comme travailler sur les porte-greffes, les variétés, la conduite en restriction hydrique dès la plantation des arbres », conclut-elle.

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