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« Ici, la culture du blé dur n'est possible que grâce à l’eau »

Le blé dur est la céréale la plus adaptée et la plus rentable sur l'exploitation de David Mouttet.

Dans les Bouches-du-Rhône, David Mouttet sécurise sa récolte de blé dur avec l’irrigation gravitaire, nécessaire huit années sur dix.

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Sur l’exploitation familiale de David Mouttet, au Puy-Sainte-Réparade (Bouches-du-Rhône), le blé dur est cultivé depuis les années 1970. « Les variétés étaient originaires du Maghreb, avec des potentiels de rendement qui plafonnaient à 30 q/ha, et elles étaient sensibles à la verse », raconte-t-il. Pour répondre à la demande des industriels et développer l’agriculture dans la région, la sélection du blé dur a commencé à la fin des années 1970. « Les semouleries existaient déjà dans la région de Marseille, sauf que le blé venait d’Algérie », décrit David Mouttet.

« Les prix sont fixés à la campagne »

Les surfaces de blé dur ont pris de l’ampleur sur la ferme des Mouttet, qui s’est par ailleurs progressivement agrandie. Sur un total de 120 hectares, la céréale représente désormais 70 hectares, dont 60 % en multiplication de semences (variétés Canaillou et Rocaillou pour la campagne de 2023-2024). « Ma coopérative Arterris me propose des contrats intéressants. Les prix sont fixés à la campagne, ce qui permet de sécuriser mon revenu. »

Également par l’intermédiaire d’Arterris, David Mouttet vend le reste du blé dur (variétés Anvergur et RGT Vanur) en contrat avec Panzani, dont certains sites sont proches, à Marseille. Si les besoins en azote sont un peu moindres en multiplication de semences, car il n'y a pas dans ce cas de critères sur les protéines, le désherbage est toutefois plus exigeant.

Un système d’arrosage historique

Le blé dur, qui représente 30 % du chiffre d’affaires de la ferme, reste la céréale la plus adaptée, et la plus rentable pour l’agriculteur, grâce à son accès à l’eau. « Le climat ne convient pas au blé tendre. L’orge passe mieux car plus précoce, mais financièrement je ne m’y retrouve pas », indique-t-il.

Près de 70 ha sont irrigables sur l’exploitation, par arrosage gravitaire. L’eau est acheminée de la Durance par des canaux. « Le système d’arrosage est arrivé au Puy-Sainte-Réparade en plusieurs fois, retrace David Mouttet. Il existait déjà des petits canaux, qui servaient à l’alimentation en eau, mais aussi de voies de transfert navigables, notamment pour l’exploitation du bois. En 1850, un canal plus conséquent a été creusé. »

La Durance a ensuite été aménagée dans les années 1950 avec le barrage de Serre-Ponçon. Stocker l’eau pendant l’hiver permet d’en assurer une alimentation régulière durant l’été et de sécuriser la récolte. « Mon grand-père racontait qu’avant, il pouvait se passer un à deux mois sans eau dans le canal », se rappelle David Mouttet.

Gestion collective

L’irrigation est ainsi collective dans le secteur de sa ferme, gérée par l’association du canal de Peyrolles et représentant environ 3 000 ha. « Elle ne consomme pas d’énergie : l’eau descend par gravité, il n’y a ni pompes, ni asperseurs », explique David Mouttet.

Lors d’une année de sécheresse, un blé dur qui n’est pas irrigué a un potentiel de 25 à 30 q/ha, contre 50 q/ha avec arrosage, estime l’agriculteur. La culture est en général irriguée autour du 15-20 avril, juste avant l’épiaison. L’irrigation est nécessaire huit années sur dix, selon lui.

Cette campagne de 2023-2024 fait partie des exceptions : les pluies tombées en avril ont été suffisantes. Qu’il arrose ou non ses champs, ce dernier doit payer une taxe annuelle, qui s’est élevée pour la campagne de 2024 à environ 200 €/ha.

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