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Dans l'Hérault, on teste la réutilisation des eaux usées en agriculture

A la station de Murviel-lès-Montpellier, dans l'Hérault, l'épuration des eaux usées se fait par un filtre de roseaux.

A dix kilomètres de Montpellier, une plateforme expérimentale teste l’irrigation de légumes, d’oliviers et de vignes avec les eaux usées d’une petite commune.

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À Murviel-lès-Montpellier, dans l’Hérault, une plateforme expérimentale est installée depuis 2017 à côté de la station d’épuration de cette commune de 2 000 habitants. « Nous utilisons plusieurs qualités d’eau usées pour irriguer des laitues et des poireaux installés dans des bacs sous serre, afin de voir leur impact sur le sol et les plantes », explique Nassim Aït-Mouheb, de l’Inrae, qui coordonne les travaux des différents laboratoires intervenant sur ce site.

En 2018 et 2019, laitues et poireaux ont été arrosés au goutte à goutte avec des eaux usées brutes, des eaux usées traitées par lagunage et de l’eau potable en témoin. « Avec les eaux brutes, il y a du colmatage au niveau des goutteurs. Ce problème est plus limité avec les eaux traitées par lagunage, qui contiennent moins de matière organique et de nutriments. Mais il faut malgré tout bien surveiller et nettoyer les équipements », précise-t-il.

Un apport nutritionnel

Ces nutriments ont un effet positif sur le rendement, qui grimpe de 20 % avec les eaux issues du lagunage par rapport au témoin. Les deux modalités sont aussi fertilisées avec un engrais minéral. Ces eaux sont également utilisées pour irriguer des oliviers et des vignes sur une parcelle voisine. « Nous avons mesuré qu’elles apportaient l’équivalent de 20 kg/ha d’azote à ces cultures durant la période d’irrigation », note-t-il.

L'Inrae a testé l'impact de différentes qualités d'eau sur des laitues et poireaux irrigués au goutte à goutte. ( © Inrae)

L’eau traitée par le lagunage se classait en qualité C (1). En 2021, celui-ci a été remplacé par des filtres de roseaux qui ont amélioré la qualité de l’eau, désormais classée en B. « La compétition avec les micro-organismes présents autour des racines des légumes réduit encore la quantité de bactéries E. Coli, d’entérocoques et de coliformes présents dans les eaux usées en sortie de station », note-t-il. Ces bactéries se retrouvent à un très faible niveau dans le sol sans pour autant contaminer les plantes, l’irrigation se faisant au goutte à goutte.

À l’échelle de la métropole de Montpellier, les rejets d’eaux usées approchent 40 millions de m³.

Pour améliorer cette épuration, le chercheur a testé en 2022 la désinfection par électro-oxydation, qui permet d’obtenir de l’eau de qualité A sans perdre en éléments nutritionnels. Il a également recherché quatorze micropolluants. « Nous n’avons trouvé que quelques traces d’antibiotiques dans les salades, de l’ordre du nanogramme », note Nassim Aït-Mouheb.

Avec un débit de 10 m³/h, il serait possible d’irriguer 12 ha à partir de cette station. Pour aller au-delà de cette surface, il faudrait stocker durant l’hiver une partie des eaux rejetées. Une ancienne lagune déjà présente sur le site pourrait servir à cet usage. Il reste à étudier comment distribuer cette eau et quel serait son coût final pour les agriculteurs.

(1) Selon la réglementation française qui définit quatre classes, de A à D, sur des critères microbiologiques.

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