Au Danemark, il vend des citrouilles pour Halloween et ça marche

Quand on est agriculteur, on a plutôt l’habitude de produire pour nourrir. Mais la rentabilité vient parfois d’autres productions. Dans son exploitation maraîchère danoise, Christian Olesen a trouvé la pépite de l’automne. En 2023, il a racheté une ferme en agriculture biologique qui produit des citrouilles de décoration pour Halloween. Elles sont comestibles mais « pas très bonnes » au niveau gustatif. En réalité, elles se destinent surtout à être customisées et orner l’entrée des maisons.

Aujourd’hui, 150 hectares sont consacrés au légume, pour une production de 200 000 pièces. C’est la plus grande production de citrouilles au Danemark. L’agriculteur produit aussi d’autres courges et légumes, des céréales, mais aussi des fraises et des fruits rouges, sur une surface totale de 800 hectares. Durant l’automne, il dispose d’une cinquantaine d’employés, dont plus des deux tiers affectés à la récolte des fruits et légumes.

La culture est simple : la citrouille craint seulement le gel, quasi inexistant avant le 31 octobre au Danemark, explique Christian, 31 ans. Le conditionnement est rapide. Exceptée la récolte manuelle qui prend du temps, il suffit de passer les citrouilles dans une machine qui les lave pour qu’elles soient prêtes à l’emploi. La machinerie est l’un des gros postes d’investissement de la production, puisqu’elle intègre des bandes de plastique qui frottent les citrouilles. Généralement, les citrouilles sont plutôt lavées à la main, note Christian.

Comme le légume n’est pas fragile, il se transporte directement dans les camions par 3 000 pièces. Il les livre en magasins ou auprès de revendeurs. Les citrouilles représentent cependant un défi logistique : « En quatre semaines, nous devons livrer 200 000 citrouilles », raconte Christian. Car, comme les sapins de Noël, après la fête, difficile de vendre sa production. L’agriculteur propose aussi des petites citrouilles pour décorer les tables et commodes de la maison.

4 € la pièce

Comme pour le reste de l’Europe, la fête des morts anglo-saxone s’est imposée progressivement dans ce pays au cours de dix dernières années. L’agriculteur constate une « demande en augmentation de 10 % en volume chaque année ». Il vend le légume l’équivalent de 4 euros la pièce. Est-ce que la culture est rentable ? Impossible de connaître les coûts de production et la marge de l’agriculteur qui adresse un sourire entendu. « Ça vaut le coup, sinon on ne le ferait pas », glisse-t-il malicieusement.

Devant le champ de citrouilles, une Danoise confirme l’attrait des habitants pour les cucurbitacées. Depuis le début du mois d’octobre, elle en a acheté une, puis deux, puis trois.. Jusqu’à ce qu’elle en ait cinq chez elle. Il suffit d’une visite dans une coopérative agricole le lendemain, pour voir qu’eux aussi, ont déjà succombé à la citrouille-mania : deux dans l’entrée, trois petites sur la table et deux autres dans le coin de la salle. Une chose est sûre, le Danemark sera prêt pour Halloween cette année. Pour le plus grand plaisir de Christian.