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Des signaux économiques inquiétants chez les agriculteurs brésiliens

Les agriculteurs les plus en difficultés sont ceux qui cultivent majoritairement du soja.

Une étude révèle une hausse de 535 % de la demande de récupération judiciaire chez les agriculteurs brésiliens installés en individuel sur 2023. Une situation qui inquiète.

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Le cabinet d’analyse d’affaires et de crédit Serasa Experian a publié le 7 mars 2024 une étude sur le nombre de demandes de récupération judiciaire chez les producteurs installés en individuel au Brésil. Cette procédure permet aux entreprises brésiliennes en difficulté de suspendre ou renégocier leurs dettes en cas de crise. Entre l’année 2022 et 2023, ce chiffre a bondi de 535 %. Le nombre est passé de 20 en 2022 à 127 en 2023.

Une augmentation rapide

Marcelo Pimenta, responsable du secteur agricole pour le cabinet, concède un chiffre faible, mais hautement significatif. « Lorsque l’on met en perspective le nombre de récupérations judiciaires demandées par rapport aux millions de personnes qui exercent des activités liées à l’agriculture, cela semble faible. Mais la vitesse à laquelle ces demandes augmentent trimestre après trimestre est inquiétante », alerte-t-il.

Pour expliquer ce phénomène, l’analyste pointe plusieurs facteurs liés à la conjoncture. « Outre les problèmes climatiques, qui ont provoqué de mauvaises récoltes dans plusieurs régions et augmenté les défis techniques, le scénario économique, tant au niveau national qu’international, n’a pas contribué à une stabilité financière dans le domaine », précise-t-il.

Pour les analystes, les taux d’intérêt d’emprunts mettent une pression importante sur les agriculteurs brésiliens dans un contexte de baisse des prix des matières premières.

Bien avant ces résultats, en janvier dernier, le ministère brésilien de l’Agriculture avait annoncé travailler à la libération de lignes de crédit supplémentaires pour permettre aux producteurs de ne pas risquer le manque de liquidité au moment d’acheter les appros pour la campagne prochaine.

Les producteurs de soja, premiers concernés

Mais ce n’est pas la seule raison, selon Antônio Da Luz, économiste pour le CNA, principal syndicat agricole brésilien. « L’assurance rurale, pour le CNA, c’est la principale politique agricole du Brésil et lors du dernier “plano safra”, c’est à peine si ce terme a été prononcé et ça nous préoccupe », s’inquiète-t-il auprès du média Canal Rural.

Le “plano safra”, l’équivalent de notre Pac européenne, libère en effet des ressources pour l’investissement à des taux spécifiques, mais aussi des subventions pour les assurances rurales. Or les fonds manquent pour ces assurances et la demande a chuté ces derniers mois, malgré une météo particulièrement hostile dans les grandes zones agricoles.

Toutes les régions brésiliennes ne sont toutefois pas logées à la même enseigne. L’État du Mato Grosso, première puissance agricole du pays, est à la première place en nombre de demandes de récupérations judiciaires devant un autre mastodonte de la production céréalière, l’État du Goiás.

L’analyse révèle par ailleurs que ce sont les producteurs avec majoritairement du soja dans leur assolement les premiers concernés, devant ceux ayant le plus de pâturages et enfin, les producteurs de café et ce, indépendamment de leur taille.

Des ventes de machines en berne

Sur le front des achats de machines, là aussi les chiffres sont en berne avec 13,2 % de baisse en 2023 par rapport à l’année précédente. Le nombre de tracteurs vendus a chuté de 12,4 %, mais celui des ventes de moissonneuse a carrément flanché de 18,5 %.

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