Login

Passer de la planification à l’action pour faire face au changement climatique

L’OCDE recommande de supprimer progressivement les mesures qui entravent « l’ajustement de la production », notamment les soutiens par les prix.

Dans son dernier rapport sur les politiques agricoles à l’échelle mondiale, l’OCDE constate que la plupart des mesures de soutien au secteur agricole ne favorise pas l’adaptation au changement climatique. L’organisation regrette que trop peu de fonds soient consacrés à l’innovation et la recherche et développement.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Le soutien à l’agriculture mondiale a été multiplié par près de 2,5 en 20 ans, entre 2000-2002 et 2020-2022. Il atteint un niveau record de 851 milliards de dollars en 2020-2022, fait savoir l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans son dernier rapport publié le 30 octobre 2023 (1). « Les pouvoirs publics ont déployé de grands moyens pour préserver au maximum les marchés des conséquences de la guerre menée en Ukraine et pour lutter plus généralement contre les tensions inflationnistes », analyse l’OCDE. L’organisation étudie chaque année les chiffres de 54 pays qui représentent les trois quarts de la valeur ajoutée agricole mondiale.

Seulement 12 % de soutiens favorables à l’ensemble du secteur

630 milliards ont bénéficié directement aux producteurs sous forme de soutiens aux revenus ou de soutiens aux prix, et 115 milliards ont été alloués à l’aide alimentaire. Mais l’OCDE regrette que seuls 12,5 % du total des soutiens (106 milliards) soient consacrés à « des services d’intérêt général », identifiés comme favorables à l’ensemble du secteur, tels que la recherche et développement, la biosécurité ou encore les infrastructures et estime qu’il est « urgent d’engager des mesures supplémentaires ».

L’OCDE alerte notamment sur le manque d’investissements dans les infrastructures (hydrauliques, de stockages hors des exploitations ou organisations de producteurs…) et la biosécurité. Pour ce dernier point, en pourcentage de la valeur de la production agricole des pays étudiés, « le niveau des dépenses affectées aux systèmes d’inspection et de contrôle, en particulier ceux dédiés aux espèces nuisibles et aux maladies se situe à 0,2 % », un niveau stable depuis 20 ans. L’organisation estime que « les risques représentés par les espèces invasives susceptibles de nuire aux systèmes alimentaires et à la biodiversité à l’échelle locale » sont importants.

600 mesures pour s’adapter au changement climatique

L’OCDE a listé près de 600 mesures mises en œuvre par les États pour renforcer les capacités d’adaptation au changement climatique des exploitations agricoles. 61 % concernent « la planification de l’adaptation, l’investissement dans le renforcement des capacités, la fourniture de services climatologiques et la mise en place de mécanismes financiers et de dispositifs d’assurance ».

Les 39 % restants sont davantage tournés vers « des solutions utiles aux exploitants et aux systèmes agricoles », par des approches fondées sur l’adaptation des écosystèmes ou encore le développement d’infrastructures et de solutions techniques, liste l’OCDE.

Aider les exploitations à s’adapter

L’organisation alerte : « Les pouvoirs publics devraient dépasser le stade de la planification et s’atteler de toute urgence à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des mesures d’adaptation ». « L’essentiel des soutiens renforce les structures de production existantes » alors qu’il faudrait que les politiques agricoles « favorisent l’agilité et incitent à s’adapter dans un environnement en mutation ». L’OCDE souligne que seuls 19 pays sur 54 se sont fixés des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre spécifiques à l’agriculture.

L’organisation recommande de supprimer progressivement les mesures qui entravent « l’ajustement de la production », notamment les soutiens par les prix, d’améliorer l’information des agriculteurs sur les risques, et de faire en sorte que l’assurance fonctionne correctement. Elle estime aussi que les soutiens doivent favoriser la croissance durable de la productivité.

« Il faudrait que les pouvoirs publics s’attachent à pérenniser la croissance de la productivité des systèmes agricoles et alimentaires afin de relever le triple défi » de la sécurité alimentaire, du revenu des agriculteurs et de la protection de l’environnement, défend l’organisation.

Innovation et recherche et développement

L’OCDE regrette que trop peu de fonds soit consacrés « aux systèmes de connaissance et d’innovation agricole » pour faciliter les changements structurels et l’adaptation des exploitations. « La recherche et développement, de même que les services de vulgarisation et d’autres formes de transfert de connaissances ont la réputation d’être des domaines dans lesquels il est particulièrement rentable d’investir, même si les bénéfices prennent parfois des années à se concrétiser », conseille l’OCDE.

L’organisation recommande de réaliser des investissements publics dans l’innovation, complétés par ceux du privé, mais pas uniquement pour des technologies « génératrices d’économie de main-d’œuvre », mais plutôt pour « éviter les atteintes à l’environnement et limiter l’exploitation des ressources naturelles ».

(1) OCDE (2023), Politiques agricoles : Suivi et évaluation 2023 (version abrégée) : Adapter l’agriculture au changement climatique, Éditions OCDE, Paris.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement