Login

En direct de Washington par Jean-Christo En direct de Washington par Jean-Christophe Debar

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L’agriculture américaine est en plein marasme. Les exportations diminuent, du fait principalement de la guerre commerciale avec la Chine. L’utilisation de maïs pour la fabrication de bioéthanol s’effrite, à cause des exemptions d’incorporation dans l’essence octroyées aux petits raffineurs. Le revenu agricole reste très en deçà de son niveau du début de la décennie, malgré une injection massive de subventions depuis deux ans. À court terme, cette situation pourrait déboucher sur un troisième train d’aides d’urgence, facilité par la perspective de l’élection présidentielle en 2020.

Mais si l’on prend du recul, on voit que la crise risque d’être durable. D’abord sur le plan des exportations : même en cas d’accord avec les États-Unis, il est probable que la Chine veillera à diversifier ses achats, en particulier de soja, auprès d’autres fournisseurs, notamment en Amérique latine. D’autant plus qu’elle a fortement réduit ses importations d’aliments du bétail, en raison de la peste porcine africaine et de l’ampleur de ses stocks de maïs, beaucoup plus élevés que prévu.

En outre, les farmers souffrent de la concurrence croissante de la Russie et de l’Ukraine pour le blé, et du protectionnisme de l’Inde sur les légumineuses et sur d’autres produits.

Pour le bioéthanol de maïs, les perspectives à moyen terme ne sont pas plus réjouissantes. Que le gouvernement prenne ou pas des mesures pour faire respecter le mandat d’incorporation dans l’essence, la demande de biocarburants devrait fléchir inexorablement, du fait du développement de la voiture électrique. Or, ce débouché est crucial car il mobilise à lui seul près de 10 % des surfaces de grandes cultures. Le retour d’une ère d’excédents chroniques de grains, comme les États-Unis en ont connu régulièrement dans leur histoire, n’est donc pas exclu.

On peut s’attendre à voir remonter au créneau les partisans d’une gestion de l’offre, conditionnant les aides à une réduction des assolements, dans le cadre d’un programme de jachère, également justifiable par des arguments environnementaux ou de lutte contre le changement climatique. C’est l’un des enjeux de l’entrée éventuelle d’un démocrate à la Maison Blanche. De ce point de vue, le maintien du soutien des agriculteurs à Donald Trump, ou leur désaffection à son égard, sera déterminant.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement