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Après les intempéries, les travaux s’embourbent dans les champs

Les exploitants ont souvent du mal à rentrer dans leurs parcelles, créant ainsi des ornières impressionnantes.

La pluie n’a pas épargné grand monde, impactant aussi bien les chantiers de semis de cultures de printemps que les interventions de fertilisation et de protection des cultures.

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« Alors que depuis plus d’un an, plusieurs départements du pourtour méditerranéen subissent une situation historique de sécheresse, le reste de la France a été régulièrement soumis, depuis octobre 2023, à des épisodes de précipitations abondantes », rappelle Météo-France. En Nouvelle-Aquitaine, dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté, la pluviométrie est ainsi record.

Des dérogations pour la Pac

Pour les zones touchées par ces intempéries, une procédure de force majeure pourra être activée « de fait » et permettre aux agriculteurs de bénéficier de dérogations sur trois obligations de la Pac sans avoir à formuler de demandes individuelles. Une cartographie des territoires concernés sera établie par les DDT et « communiquée localement », indique le ministère de l’Agriculture.

Ces dérogations concernent :

Semis d’orge de printemps retardés

Cette pluviométrie exceptionnelle atteint les 900 mm, voire plus, en cumulé depuis la mi-octobre. « Avec jusqu’à 1 000 mm par endroits, une année de pluie est tombée en moins de six mois chez nous », souligne un opérateur du Poitou-Charentes. Dans ces conditions, les travaux des champs ont été compliqués.

Mis à part plusieurs départements du pourtour méditerranéen, la France a été régulièrement soumise à des épisodes de précipitations abondantes, selon Météo-France.

Si à l’est, les semis à l’automne ont en grande partie été réalisés avant les pluies, ailleurs cela n’a pas toujours été possible. Les implantations ont pris du retard, et/ou n’ont pas été faites dans de bonnes conditions. Et parfois, elles n’ont pas eu lieu. Les reports vers des cultures de printemps ont été monnaie courante.

Là encore, cela n’a pas toujours été possible. Selon FranceAgriMer, les semis d’orge de printemps n’atteignaient ainsi que 39 % des surfaces prévues au 11 mars, contre 99 % à la même date en 2023 (83 % pour la moyenne quinquennale). Les Hauts-de-France, l’Île-de-France et le Grand Est sont les zones les plus touchées. L’année ne semble pas non plus avoir été favorable au semis de protéagineux d’hiver, et de printemps. Et finalement, beaucoup optent pour du maïs ou du tournesol.

L’accumulation d’eau au fil des semaines a pu mener à des situations de saturation des sols. Dans les terres les moins filtrantes, il y a vite eu des problèmes de portance bloquant les préparations de semis et certaines interventions. « On voit des traces de roues impressionnantes cette année dans les parcelles », décrit un responsable agronomique en Bourgogne.

Interventions chamboulées

Les apports d’engrais sortie hiver ont parfois été retardés. Quant aux interventions pour l’épandage des herbicides d’automne, elles n’ont pas toujours pu être effectuées. Le salissement pouvant être fort, les agriculteurs ont donc parfois désherbé au printemps avec une efficacité moindre.

D’autres ont employé les grands moyens pour passer les produits ou l’engrais. « Je n’avais jamais vu ça : des tracteurs avec quatre chenilles et même un désherbage avec une dameuse équipée d’un pulvérisateur », avise un autre opérateur du Rhône-Alpes. On note malgré tout de ponctuels problèmes de sélectivité.

Les insecticides à l’automne ont rarement pu être appliqués. Et même quand cela a été le cas, avec le troisième hiver le plus chaud depuis 1900, les pucerons ont continué à prospérer. On observe déjà des symptômes de jaunisse nanisante de l’orge.

Des cultures en avance

Avec ce climat doux et humide, FranceAgriMer note une avance des cultures en place, avec 32 % des surfaces de blé tendre au stade épi 1 cm (22 % pour la moyenne quinquennale). Un constat qui s’applique à toutes les céréales dès lors qu’elles ont été semées précocement.

Le colza est lui aussi assez avancé. Malgré tout, très beau jusqu’à la sortie de l'hiver, il décroche dans les sols hydromorphes. Les enracinements des céréales d’hiver et de colza n’y sont en effet pas optimums. Au nord, comme dans les Hauts-de-France, on signale même des pertes de talles.

La vigilance reste de mise car le temps actuel est propice au développement des maladies sur colza (cylindrosporiose) et céréales (piétin verse, rouilles, oïdium…). Les premiers passages sur escourgeon ont même débuté en Lorraine où « il pourrait y avoir plus de T1 que les précédentes années ».

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