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Inondations : « Il nous a fallu reloger des troupeaux entiers »

Dans le Pas-de-Calais, des animaux ont dû être relogés à cause des inondations.

Les professionnels du Pas-de-Calais décrivent des situations très difficiles pour les éleveurs du département dont les bâtiments sont inondés. Des animaux ont dû être relogés. Les conséquences sanitaires et économiques seront importantes, mais encore difficiles à chiffrer.

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Pas de répit pour les éleveurs du Pas-de-Calais. Après la tempête Ciaran du 2 novembre 2023, les voici depuis une semaine confrontés à des inondations historiques. Le nord-ouest du département est le plus touché, avec des cumuls de pluie de 250 mm sur les trois dernières semaines, parfois plus à certains endroits. Et des précipitations sont encore annoncées cette semaine.

Les veaux ne résistent pas

Il est encore difficile de chiffrer tous les dégâts, car la situation est encore critique. Beaucoup de bâtiments d’élevage sont inondés et difficiles d’accès. Les animaux pataugent les pieds dans l’eau, risquant l’hypothermie. « Les veaux ne résistent pas, il y a beaucoup de mortalité », déplore Frédéric Blondel, animateur de l’Association départementale des producteurs de lait du Pas-de-Calais (ADPL 62).

« Des cheptels ont dû être délocalisés, raconte Jean-Pierre Clipet, secrétaire général de la FDSEA du Pas-de-Calais. Cela s’est fait parfois chez des voisins qui ont accueilli des animaux pour les mettre au sec. » Avec des lots de génisses, c’est assez facile, mais pour des troupeaux entiers, il a fallu trouver des bâtiments en dehors des zones inondées, avec des installations de traite, et en prenant toutes les précautions sanitaires. « La difficulté est de ne pas mélanger les animaux », explique Frédéric Blondel.

La semaine dernière, 70 vaches laitières, qui n’avaient pas été traites depuis plus de 36 heures, ont été relogées à 50 kilomètres de l’exploitation, chez un éleveur qui avait arrêté la production et était prêt à les accueillir. Les aliments ont suivi par remorques et un silo a été confectionné. « Mais les vaches sont passées d’un robot de traite à une salle de traite classique, c’est un gros changement pour elles », décrit Jean-Pierre Clipet. Et de poursuivre : « Aujourd’hui, nous avons des interrogations sur deux élevages : pour l’instant, les éleveurs arrivent à faire en sorte que l’eau ne monte pas, mais comme il pleut à nouveau, nous sommes vigilants. Il y aurait une possibilité de les reloger dans la Somme mais ce n’est pas tout près. »

Salles de traite ambulantes

Même si les troupeaux ne sont pas délogés, c’est la débrouille. « Des salles de traite ambulantes tournent dans les élevages. Cela s’organise bien entre les agriculteurs, il y a beaucoup d’entraide. » Les professionnels ont fait l’inventaire des machines dans le département, mais aussi ailleurs dans les Hauts-de-France. Deux ou trois sont par exemple encore disponibles dans la Somme.

Ces conditions météo ont aussi des conséquences sanitaires sur les troupeaux : au-delà des coups de stress, les conditions très humides sont propices aux mammites et aux pertes de production pour les vaches en lactation.

Stocks de fourrages détruits

La problématique vient aussi des stocks de fourrages et de paille qui ont pris l’eau. L’accès aux bâtiments de stockage est difficile ou impossible. Des silos de maïs fourrage ont aussi baigné dans de l’eau sale, avec des hydrocarbures, et sont donc inutilisables. « Il faudra compenser derrière, rapporte Frédéric Blondel. Nous ne sommes qu’au début des conséquences de ces inondations. »

« Nous demandons que les éleveurs nous contactent au plus vite quand ils sont dans une situation inquiétante, afin que nous puissions anticiper les besoins en logements d’animaux, en installations de traite, en pompes ou tonnes à lisier pour sauver les bâtiments, insiste Jean-Pierre Clipet. Une Bourse aux fourrages se met aussi en place petit à petit. » Objectif : accompagner les agriculteurs dans l’urgence. « La situation est très difficile moralement pour les éleveurs touchés, poursuit-il. Souvent, quand leurs bâtiments sont inondés, leur maison l’est aussi. »

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