Login

En fermage avec une mairie, une cohabitation parfois complexe

« Aujourd’hui, on est nombreux à chercher des terres. […] L’opportunité avec la mairie, c’était d’avoir une surface en location très rapidement », estime Pierre Chobeau.

Installé grâce à la location des terres par la commune du Loroux-Bottereau (Loire-Atlantique), Pierre Chobeau, maraîcher, a dû faire face à plusieurs difficultés.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

À deux pas de la commune du Loroux-Bottereau (Loire-Atlantique), les habitants peuvent désormais s’approvisionner en légumes auprès de l’exploitation bio « Les Jardins du Claray », tenue par Pierre Chobeau. Si cette dernière se trouve si proche de la ville, c’est parce que les terres lui sont louées par la mairie. « Ce système est appréciable mais il faut encadrer juridiquement les relations afin de clarifier les positions de chacun pour améliorer la communication », estime Pierre Chobeau.

Un projet attractif

Tout commence en avril 2020 : l’agriculteur répond à un appel à projet de la commune de la Loire-Atlantique. Face à deux autres candidats, il défend son projet d’installation. « Mes parents étaient céréaliers dans l’Est et je ne voulais pas revenir dans le village, ni dans un système qui ne me convenait pas. Il y avait aussi une grande difficulté à trouver des terres pour une petite surface maraîchère. La mairie a l’avantage de pouvoir se positionner rapidement sur le foncier qui l’intéresse et d’y consacrer un budget. C’était l’opportunité pour avoir accès rapidement à une surface qui correspondait à mon projet en location », rembobine le maraîcher.

Économiquement, Pierre Chobeau tire aussi son épingle du jeu : « Je paye un fermage annuel de 1 280 €/an pour 1,6 hectare, regroupant les bâtiments d’exploitation et les terres agricoles et un loyer de 300 euros par mois pour mon habitation. Avec un investissement total de 85 000 euros, j’estime avoir économisé 15 000 € par rapport à une installation classique sur un terrain nu. »

Une contrepartie salée

Si la location présente des avantages, Pierre rencontre un démarrage difficile : « Pour garantir ma sécurité, celle de mes investissements et de la mairie, j’ai fait appel à un juriste pour rédiger un bail environnemental. La préservation des bandes enherbées et fleuries faisait partie de mes valeurs, ça m’allait très bien. La difficulté était de les décrire correctement à l’aide d’un juriste, confie Pierre Chobeau. À l’époque, on était à l’émergence du projet et ni la mairie, ni moi, n’avions le recul de l’utilisation des lieux », comme par exemple sur le droit de passage des agents communaux.

Un autre problème émerge : être associé à la mairie. « Parfois, les gens pensent à tort que je suis un salarié communal alors que je loue simplement les terres. » Si une partie de sa production se destine à la restauration collective communale, cette dernière ne représente que 1,5 % de son chiffre d’affaires.

« Je n’ai pas de contrat commercial avec la mairie et la plupart de mes débouchées sont extérieurs. La mairie souhaitait encourager l’agriculture biologique et le verdissement de sa politique mais il n’y a pas de passe-droits », détaille-t-il. « Si c’était à refaire, je le referai. Mais l’idée de se faire encadrer sur la communication avec la mairie et juridiquement au départ me paraît impérative. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement