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Qui sont les nouveaux installés ?

Six profils d'installés émergent de l'enquête réalisée par l'ESA d'Angers.

L’École supérieure des agricultures (ESA) s’est penchée sur les nouveaux actifs du monde agricole. Au-delà du clivage classique entre personnes issues et non-issues du milieu agricole, elle distingue six profils d’installés.

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Qui sont les nouveaux agriculteurs ? Vaste question pour laquelle le ministère de l’Agriculture a missionné, entre autres, le laboratoire de recherches en sciences sociales de l’École supérieure des agricultures (ESA) pour y répondre. Un échantillon représentatif de la population, de 3 400 répondants installés en 2018 et en 2022, s’est prêté au jeu du sondage dont les résultats ont été publiés, ce 20 mars 2025.

« Il ne s’agit pas d’une simple distinction entre les héritiers et les non-issus du milieu agricole, a souligné Caroline Mazaud, enseignante-chercheuse en sociologie à l’ESA d’Angers (Maine-et-Loire) lors d’une conférence de presse organisée ce 20 mars 2025. Ce travail d’enquête a permis de dégager six profils d’installés » répartis en cinq catégories.

1. Les héritiers bien préparés

Représentant 34 % de la population des nouveaux installés, les « héritiers bien préparés » ont une origine sociale agricole. Leurs parents leur ont souvent transmis l’héritage du métier. Ils sont titulaires d’une formation agricole initiale et comptent une expérience professionnelle dans le secteur agricole. Il s’agit à 80 % d’hommes jeunes : deux tiers ont moins de 30 ans. « Il s’agit des profils attendus pour la reprise d’une exploitation familiale », résume Caroline Mazaud.

2. Les héritiers sans vocation

Les « héritiers sans vocation » ont également des parents agriculteurs. Mais contrairement à leurs prédécesseurs, ils n’ont pas suivi de formation agricole initiale et ne se destinaient a priori pas à reprendre l’exploitation familiale. Cette catégorie, qui représente 22 % des nouveaux installés, a multiplié les expériences professionnelles en dehors de l’agriculture et constitue donc un public en reconversion.

3. Les classes populaires rurales

Ces installés n’ont pas de parents agriculteurs et sont même considérés comme non issus du milieu agricole (Nima). Ils représentent 16 % des nouveaux installés. Ils ont pour particularité d’avoir suivi une formation initiale agricole et d’avoir vécu en zone rurale. Deux caractéristiques qui leur donnent « une certaine proximité avec le monde agricole, note Caroline Mazaud et favorise leur accès à l’installation ».

4. Les reconvertis des classes moyennes

Les « reconvertis des classes moyennes » représentent 20 % des nouvelles installations. Ces profils cumulent plusieurs expériences professionnelles en dehors du monde agricole avant leur installation. Ils n’ont pas d’origine agricole et sont issus du milieu urbain. L’accès au foncier de ces publics se fait majoritairement par le biais d’agences immobilières.

5. Les membres des classes supérieures urbaines

Proches des « reconvertis des classes moyennes », les « membres des classes supérieures urbaines » se distinguent par leur origine sociale. Ces profils ont souvent des parents qui exercent une profession de cadre. Ils ont eux même souvent exercé un emploi de cadre avant de s’installer.

Ces individus, qui représentent 8 % des nouveaux installés, ont un haut niveau de qualification. 85 % d’entre eux ont un Bac +5 ou plus. Cette catégorie peut être scindée en deux profils : les « reconvertis d’origine sociale supérieure » et « les contre-mobiles des classes supérieures » qui sont enfants d’agriculteurs.

Ce travail d’enquête réalisé par l’ESA d’Angers doit à présent nourrir la réflexion du ministère de l’Agriculture et de Chambres agriculture France quant à l’accompagnement de ces profils vers l’installation.

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