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Une transmission sur dix ans

Clément et Romain se sont respectivement associés à Stéphane en 2017 et 2023.

Stéphane a anticipé son départ à la retraite plus d’une dizaine d’années avant l’âge légal. Il s’est associé avec Clément et Romain, non issus du monde agricole.

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En 1990, Stéphane a repris les rênes de la ferme familiale située à Bois-Héroult (Seine Maritime), à une trentaine de minutes au nord de Rouen, puis l’a convertie à l’agriculture biologique. Il y a près de huit ans, à l’approche de ses cinquante ans, ce dernier s’est décidé à entamer les démarches auprès du réseau des Civam (1) normands pour entreprendre la transmission progressive de son exploitation.

Depuis juin dernier, la ferme de la Quesne compte ainsi trois associés et plusieurs apprentis et stagiaires. Stéphane s’occupe exclusivement des cultures, Clément est responsable de la fromagerie, tandis que Romain gère l’élevage bovin.

Salarié et stagiaire

En 2017, Stéphane rencontre tout d’abord Clément. Non issu du milieu agricole, mais possédant une formation dans l’agroalimentaire, ce dernier se forme pendant un an au métier de fromager puis devient salarié sur la ferme de la Quesne pendant un an et demi. Le temps de tester la compatibilité entre les deux futurs associés et de se former au travail en groupe.

Clément s’installe en 2020 en reprenant 30 % des parts de l’exploitation. « À mon installation, nous ne souhaitions pas faire évoluer la taille du cheptel, explique Clément. L’idée était de développer suffisamment l’atelier de transformation pour pouvoir maîtriser nos prix de vente et notre rémunération. »

En 2022, les deux associés rencontrent Romain par « le bouche-à-oreille ». Après neuf ans d’étude dans l’agriculture, ce dernier voit concrétiser son rêve de s’installer. « Mais un coup de fil et quatre cafés ne suffisent pas à savoir si on peut s’associer ! », souligne-t-il. À l’été 2022, Romain démarre donc un stage de parrainage sur la ferme de la Quesne.

Ce dispositif d’une durée maximale de douze mois est porté par la Région Normandie. La rémunération est assurée par Pôle Emploi ou la Région. « Pendant ce stage, nous avons pu apprendre à travailler ensemble, mais aussi à travailler avec des salariés, complète Romain. Finalement, il m’a fallu moins d’un an pour me conforter dans mon projet d’installation. »

Se libérer du temps

« Pour Stéphane, il était question de chercher un nouvel associé pour se libérer de l’astreinte de l’élevage. Tandis que moi, je peux bénéficier de son expérience », poursuit Romain. Le matériel, principalement en Cuma, a permis de limiter les investissements à l’installation et l’acquisition de 60 ha supplémentaires a vu l’autonomie fourragère du troupeau s’améliorer.

« En 2017, nous transformions 80 000 litres de lait contre 400 000 litres aujourd’hui », se réjouit Clément qui produit désormais quatre fromages différents. « Le cédant doit être ouvert aux propositions du repreneur, souligne-t-il. Car une fois en confiance, on fait du bon boulot. »

Les trois associés ont également mis en place un règlement intérieur, revalidé annuellement lors du bilan, et qui entérine les règles de décision, la gestion des départs ainsi que la rémunération. Son calcul est proportionnel au temps de travail de chacun, une règle adoptée lors de l’installation de Clément.

« Nous avons aussi fait le choix de tous disposer de deux jours de repos par semaine et de cinq semaines de congé dans l’année », complète Clément. Les trois associés se retrouvent au moins une fois par semaine pour organiser le travail de la semaine, sans compter les points quotidiens, plus informels. Des rendez-vous essentiels selon les deux associés.

« Il est plus facile de communiquer entre cédant et repreneur lorsqu’il n’y a pas de lien familial, concède Romain. Nous n’avons pas d’attache patrimoniale à la ferme, même si c’est un outil de travail auquel je suis fortement attaché. »

À l’avenir, les associés souhaitent développer l’exploitation en modernisant la fromagerie et en agrandissant la stabulation et le séchoir. Mais ils se préparent également au départ à la retraite de Stéphane. « Nous embaucherons sûrement pour compenser son départ, confie Romain. Nous souhaitons garder du temps libre et l’équilibre avec notre vie personnelle. »

(1) Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural.

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