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Une transmission en famille et en groupe

De gauche à droite : Ambre Catala et Léo, qui reprendront prochainement la ferme d'Eric Catala et de sa femme Laurence. La grange continuera d'abriter le troupeau de race aubrac.

Eric Catala, éleveur allaitant bio en race aubrac, va transmettre son exploitation à sa fille Ambre et à trois autres jeunes. Diversification en vue !

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Le Paradis est décidément une ferme recherchée. Et pour cause ! Eric Catala, 62 ans, est en train de transmettre son élevage de bœufs de race aubrac et ses 40 hectares non seulement à sa fille Ambre, mais également à trois de ses futurs associés, Léo, Louis et Timothée. Ici, à Verfeil-sur-Seye, dans le Tarn-et-Garonne, ils géreront ensemble l’élevage bovin, et chacun aura son atelier : Ambre s’installe paysanne-boulangère en ce mois de septembre, Léo a débuté le maraîchage, Louis et Timothée seront brasseurs et éleveurs de brebis après l’obtention du BPREA dans un an. Eric louera les terres au Gaec, ce qui facilitera l’installation de ces quatre jeunes. Ils devront aussi trouver des terres supplémentaires.

Un stage de parrainage

« Je suis vraiment ravi qu’ils arrivent, s’exclame l’éleveur. Cela faisait cinq ans au moins que je cherchais un repreneur, sans succès. Alors, maintenant, il ne me tarde qu’une chose, c’est qu’ils volent de leurs propres ailes. » Eric y met d’ailleurs du sien pour les accompagner : il accueille depuis plusieurs mois Léo, dans le cadre d’un contrat emploi formation installation (Cefi), un stage de parrainage financé par la Région Occitanie. « Je ne suis pas issu du milieu paysan, donc Eric passe du temps à me transmettre ses savoir-faire, se félicite le jeune homme. Dans une ferme, il faut être polyvalent. »

Eric Catala a repris l’exploitation à la mort de sa grand-mère en 1992, par attachement sentimental. « J'étais double actif, mais elle ne me rapportait aucun salaire. C’était une manière d’entretenir les terres. » De 20 hectares, il décide de doubler la surface en achetant la ferme voisine, puis fait un « virage radical » en 1999, année de la crise de la vache folle. « Je vendais des mâles et des femelles comme reproducteurs en blonde d’Aquitaine, se souvient-il. Ça partait vite… jusqu’en 1999. On est passé de coups de fil incessants à… plus rien. » Non sans accrocs, il décide donc de se lancer dans la vente directe. L’année 2005 marque un autre tournant, car Eric devient agriculteur à temps plein.

A l'arrivée des jeunes, le hangar à foin sera en partie rénové pour abriter une future brasserie et stocker du grain. ( ©  Christophe Zoia)

En 2017, il passe à la race aubrac pure souche. Toujours avec un petit troupeau : « J’ai 10 mères, un taureau, deux génisses et des veaux. » Et toujours avec un principe : « Le bio, parce que pour moi, il n’y a rien d’autre. »

Limiter les charges

« C’est une petite ferme où on vise l’autonomie, explique-t-il. On fait le maximum avec ce qu’on a sous la main. » Sa femme Laurence abonde : « C’est un élevage où il y a peu de charges. Si on veut en vivre, il faut les limiter et questionner leur nécessité. » Les investissements agricoles sont d’ailleurs limités, la grange utilisée est par exemple celle de sa grand-mère. Le troupeau est quasi exclusivement nourri à l’herbe. Le méteil, la luzerne, la féverole ou encore le blé sont vendus et ajoutent des revenus. De même que le foin et la paille qui peuvent être en surplus. Le principal revenu provient de la vente de 10 veaux et un bœuf, environ, abattus annuellement et commercialisés en colis. « On fait de la vente en précommande, soit à domicile pour les locaux, soit en livraison dans les zones de Bordeaux et Toulouse. » L’éleveur se limite à une cinquantaine de clients. « Il n’en faut pas trop, sinon on n’a pas assez de viande et les gens sont mécontents », témoigne-t-il. Car, après avoir fait abattre et découper ses bovins, Eric tient à faire lui-même les colis : « Je connais chacun de mes clients ! »

Au final, « l’activité agricole dégage un salaire au Smic à plein temps pour une personne, en comptant la Pac, conclut Laurence Catala, qui a travaillé à l'extérieur pendant 40 ans.

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