Céréales à paille : bien positionner les traitements phytos contre les vecteurs des viroses
Les traitements à base de pyréthrinoïdes, seule famille d’insecticide disponible pour lutter contre les vecteurs des viroses en céréales à paille, sont à déclencher au bon moment.
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Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, la seule famille chimique d’insecticides autorisée pour traiter les céréales à paille en automne contre les pucerons et cicadelles est pour l’heure celle des pyréthrinoïdes. Ces produits sont efficaces, mais leur application reste conditionnée à la météo et aux infestations.
En 2025, les passages ont été réalisés dans de bonnes conditions malgré une année plus à risque que d’ordinaire dans certaines régions. Ce n’est pas le cas tous les ans : « 2019-2020 a été une année historiquement basse en termes de surfaces couvertes (15 % environ), pourtant les pucerons étaient bien là et ont persistés durant l’hiver particulièrement chaud », se souvient Robin Comte, spécialiste des ravageurs et des techniques de lutte chez Arvalis. L’automne très pluvieux n’avait pas permis de réaliser les traitements, et « ça a été une année à très forte pression JNO ».
La durée d’efficacité des pyréthrinoïdes étant assez courte, de l’ordre de dix à quinze jours, Arvalis continue de travailler sur la question du positionnement des insecticides. L’objectif est de pouvoir passer « au bon moment »
Observer les parcelles même après un gel
Un des premiers conseils de l’institut technique est de commencer les observations dès la levée des céréales et durant tout l’automne. Les céréales sont sensibles jusqu’à la montaison. Même après une période de gel, comme à la fin du mois de novembre 2025, les populations de pucerons peuvent se maintenir, à la faveur de sols encore chauds par exemple. En ce mois de décembre, « les infestations, bien que plus limitées, se prolongent dans certaines régions », indique Robin Comte.
En pucerons, le déclenchement des traitements se fait sur la base de « seuils bien établis » : 10 % de plantes colonisées par au moins un puceron, ou dix jours de présence du ravageur. Les vols débutent au-dessus de 12 °C environ. Pour les cicadelles, l’observation ne se fait pas à la plante, l’insecte étant très mobile, mais sur plaques jaunes engluées. Un traitement est notamment conseillé à trente individus capturés en une semaine.
Aphibox, un nouvel outil
Depuis l’automne 2025, Arvalis diffuse des cartes de prévision du risque puceron en fonction des dates de semis. Elles reposent sur un nouvel outil, Aphibox, qui prend en compte des données météo passées et prévisionnelles. Elles sont mises à jour toutes les semaines.
C’est un modèle qui ne se substitue pas aux observations de terrain, même si elles peuvent être fastidieuses, appuie toutefois Arvalis dans ses différents relais régionaux. L’objectif est d’inciter à observer les parcelles plus attentivement à certaines périodes en cas de prévision de pression importante.
L’institut technique estime également qu’il faut éviter d’associer les insecticides avec les herbicides d’automne pour viser une efficacité optimale.
Vigilance quant à l’apparition des résistances
N’avoir qu’une seule famille chimique à disposition engendre le risque de faire émerger une résistance des populations de ravageurs. Des pucerons de l’espèce Sitobion avenae présentant une résistance aux pyréthrinoïdes ont été détectés au Royaume-Uni dès 2011. « Mais pour l’instant, la résistance des pucerons aux pyréthrinoïdes est considérée comme modérée », rassure Robin Comte.
En France, un cas a été signalé en 2020 dans le nord de la France. Depuis, aucun autre puceron portant cette mutation n’a été détecté et il n’a pas été mis en évidence de perte d’efficacité au champ. Et en ce qui concerne l’espèce majoritaire, Rhopalosiphum padi, aucun cas de résistance n’a été détecté en Europe.
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