Quand un agriculteur raconte son métier à des élèves
À l’occasion de la 36e édition de la semaine du goût qui se déroule du 13 au 19 octobre, Basile Faucheux, céréalier dans le Loiret, est venu rencontrer une classe parisienne de CM2.
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Chaque année en France depuis 1990 a lieu la semaine du goût. Son objectif, favoriser les échanges entre les acteurs de la terre à l’assiette et tous les publics. Cette année, 11 000 classes de la maternelle au CM2 y ont participé et deux mille cinq cents professionnels se sont mobilisés. Parmi eux, Basile Faucheux. Agriculteur dans le Loiret en polyculture, spécialisé en semences porte-graines sur 180 hectares. Le lundi 13 octobre 2025, il s’est levé à 6 heures du matin en direction de la rue de Martel, dans le 10e arrondissement de Paris.
Parce que c’est toujours très sympa de parler d’agriculture avec des élèves. Je suis président de l’association Agridemain qui œuvre pour créer un pont entre le monde agricole et la société. Nous avons un partenariat avec la semaine du goût. Je me suis porté volontaire. Je me déplace régulièrement dans les établissements scolaires, lycées, collèges ou maternelles, pour présenter mon métier.
Je craignais d’être confronté à de la véhémence comme je l’ai déjà vécu auparavant. Il n’en a rien été. Les plus jeunes ont souvent moins d’a priori transmis par leur entourage, ils sont plus ouverts à la découverte. Ma démarche est de faire passer des messages, d’éveiller les consciences. De rappeler aux futures générations que ce qu’ils entendent ou lisent n’est pas toujours vrai.
Pour commencer, je leur ai demandé ce qu’ils entendaient par « agriculteur ». S’ils savaient ce que je faisais. « Vous fabriquez les Miel Pops et les Chocapic », ont été leurs premières réponses. Ça m’a permis de rebondir sur le fait que leurs céréales du petit-déjeuner ne sortaient pas directement de ma moissonneuse-batteuse. Et donc, de leur présenter mon métier.
J’avais apporté plein de petites choses pour rendre ce moment ludique et surtout concret. Des graines qu’ils ont tenté de reconnaître, des betteraves et je leur ai déroulé un épi de maïs. À l’intérieur, il y avait une coccinelle et un enfant m’a dit qu’elle « servait à manger les pucerons ». Il avait raison. J’en ai profité pour évoquer le sujet des phytosanitaires, en comparant les moustiques qui les piquent aux moucherons qui attaquent mes cultures. À la fin, on a poppé du maïs dans la classe. Ils étaient scotchés.
Il faut relier les gens à notre métier, adultes et enfants. Et le seul moyen d’y parvenir, c’est à travers la bouffe. On doit partir du produit fini, de ce que le consommateur a dans son assiette, et remonter le fil jusqu’au producteur pour préciser le processus de fabrication. C’est essentiel de partager notre métier en le reliant à leur quotidien. Cela doit être concret, comme les Chocapic que l’élève a dans son bol au petit-déjeuner.
Tous les agriculteurs en sont capables. Il suffit de raconter ce qu’on fait tous les jours. Qui de mieux pour expliquer que la personne concernée ? Nous devons échanger avec nos voisins, tous ceux qui vivent autour de chez nous. Et honnêtement, ce qui est le plus agréable quand on rencontre les élèves de notre village, c’est lorsqu’on passe avec nos tracteurs à la sortie de l’école et qu’ils nous saluent. Parce que désormais, ils nous connaissent.
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