Savoir répondre aux journalistes
Guillaume Lefort, agriculteur dans la Seine-et-Marne, a appris à communiquer avec les médias.
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Installé depuis une quinzaine d’années à Arville, dans le sud de la Seine-et-Marne, Guillaume Lefort exploite 250 hectares de grandes cultures. « En 2011, quand j’ai commencé à produire du blé améliorant pour les buns de McDonald’s, se souvient-il. J’ai pu suivre une formation dispensée par leurs communicants sur le média-training. »
« Il n’y a pas de “off” » avec les médias
Curieux de nature, Guillaume Lefort découvre le monde de la presse. « Cette première formation m’a marqué. J’y ai notamment appris à ne jamais réagir à chaud sur un sujet que le journaliste n’avait pas évoqué avant l’interview. Cela m’a servi une fois : je me suis senti piégé par une équipe télé et j’ai refusé de réagir sur un point sensible. »
« Mais la plupart du temps, les journalistes sont bienveillants et précisent au préalable tous les sujets qu’ils vont évoquer, rassure-t-il. Cela me permet de préparer l’interview et de penser à ce que je vais dire. J’ai aussi appris qu’il n’y a pas de “off” avec les journalistes. J’assume tout ce que je dis et je dis pareil que le micro soit allumé ou éteint ! »
Se former régulièrement
Pour Guillaume, la communication et la pédagogie envers le grand public, les politiques ou les médias, font partie du métier d’agriculteur. Il est tellement convaincu qu’il fonde au début de 2016 avec d’autres agriculteurs, la plateforme Agridemain où une centaine d’ambassadeurs partout en France, expliquent le métier à tous en organisant des événements (fête des moissons, stand au Salon de l’agriculture, journées nationales de l’agriculture…).
À la tête de l’association en 2018, Guillaume bénéficie de formations sur la communication. « Se former régulièrement est essentiel pour apprendre les codes. » En 2021, alors élu au sein de la chambre d’agriculture de l’Île-de-France, il suit la formation Omega dispensée par l’Ifocap (Institut de formation des cadres paysans). Plusieurs jours sont consacrés à la communication verbale et non verbale, à la prise de parole en public et au média-training.
« J’y ai appris à utiliser des mots simples et à bannir les termes techniques comme “ensilage” ou “dose d’azote”. Ce n’est pas prendre les gens pour des idiots, c’est être pédagogue. Comme si on me parlait de l’aérospatiale avec des termes spécifiques, je n’y comprendrais pas grand-chose. »
Rester soi-même
À la faveur de sa proximité avec Paris, siège de nombreux médias, Guillaume Lefort compte à son actif une cinquantaine d’interviews en presse écrite, radio ou télé. S’il prend toujours plaisir à échanger sur son métier, il regrette que les journalistes fassent surtout appel à lui lors des crises (manifestations, glyphosate…) pour quelques minutes à l’antenne. Il préfère argumenter sur des sujets de fond pour des formats longs.
« En télé, je préfère le direct que les émissions enregistrées, explique-t-il. Ainsi, mon discours ne risque pas d’être coupé. Sur les émissions enregistrées, je privilégie les phrases courtes en laissant peu de temps entre chaque, pour éviter d’être coupé au montage. » Il évite les émissions conflictuelles (avec Hugo Clément, Élise Lucet, les Grandes Gueules…) et avoue qu’il faut parfois « avoir les nerfs solides » pour répéter ou reformuler plusieurs fois la même réponse quand le journaliste insiste pour l’amener sur un terrain où il ne veut pas aller.
« Je cherche à rester moi-même, à ne pas me transformer. » Guillaume Lefort, également actif sur Twitter et adhérent à l’association FranceAgriTwittos, cherche à faire des émules : « Il ne faut pas hésiter à se lancer dans la communication, on ne peut pas se tromper quand on explique juste ce qu’on fait, dit-il en se souvenant d’un voisin suspicieux qui l’avait vu traiter de nuit. Après lui avoir expliqué les raisons de cette pratique, il m’a remercié. L’absence de communication, c’est pire qu’une mauvaise communication. »
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