Un jeune éleveur qui négocie face à Lactalis
Producteur de lait aux portes de la Beauce, Yohann Serreau porte la voix des livreurs auprès de l’industriel.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Yohann Serreau vient de passer trois mois très intenses. « J’étais sollicité de toutes parts, par des journalistes, des politiques, des producteurs… J’ai été obligé d’être négatif, de taper sur notre client. C’est contre nature chez moi. Je préfère la discrétion et la construction positive », relate celui qui préside depuis 2022 l’Union nationale des éleveurs livreurs à Lactalis, l’Unell.
Négocier ardemment
Cette association, qui représente 62 % des fournisseurs du géant laitier, vient de négocier ardemment le calcul du prix du lait payé aux producteurs. Une victoire. Pourtant, Yohann Serreau n’était pas prédestiné à présider cette organisation. Son exploitation de 145 hectares n’est pas située au cœur d’un bassin laitier, mais proche de la Beauce, à La Gaudaine, dans l'Eure-et-Loir.
Lorsqu’il reprend la ferme familiale en 2014, celle-ci compte moins de trente vaches et la mise aux normes reste à faire. Un choix s’impose. « Nous sommes sur une faille géologique, il est difficile de vivre des céréales sans être pluriactif. J’ai toujours cru en l’avenir du lait, j’ai donc fait ce choix », explique-t-il calmement. Il augmente le troupeau à 65 vaches, robotise la traite et les raclages.
39 ans et 4 enfants
Membre du bureau de l’organisation de producteurs de la Normandie et du Centre, Yohann en devient le président en 2020, avant de prendre les rênes de l’Unell en 2022, à 39 ans, la fleur de l’âge pour convaincre. « Ma première réunion s’est déroulée en juin 2019 lors de l’ouverture de la médiation, au ministère de l’Agriculture. C’était assez marquant ! »
D’autant plus que les pourparlers avec la multinationale doivent se conjuguer avec l’emploi du temps des quatre enfants ! « J’ai choisi ce métier pour avoir le plaisir de les voir grandir sur la ferme. Et, aujourd’hui, je m’en occupe tous les matins », ajoute Yohann, affichant un sourire.
L’état d’esprit des troisièmes lignes de rugby
Ancien rugbyman en universitaire, puis en fédérale trois, l’éleveur en a gardé la carrure, mais surtout l’état d’esprit des troisièmes lignes : lien entre les joueurs, rapidité et endurance. Ingénieur agronome, il a également affûté son esprit agile pendant dix ans dans l’entreprise PMA28, producteur, transformateur et négociant de plantes médicinales et aromatiques.
Après un stage de fin d’études, Yohann gravit les échelons pour arriver au poste de responsable de production. Une expérience marquante dans le management et la gestion du stress. « Je considère qu’il y a toujours des solutions. À l’Unell, nous préparons beaucoup les réunions, nous n’éludons pas les débats. Et une fois que nous avons décidé d’une position, nous la tenons. La force du collectif est déterminante. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :