Login

Indre-et-Loire Indre-et-Loire Le coup de grâce

La fin de l’ICHN risque d’accélérer le déclin du cheptel bovin au profit des céréales, malgré le faible potentiel des terres.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«Ici, l’élevage allaitant était maintenu sous perfusion. Maintenant, on nous débranche, éclate Richard Courtigné. On est en zone historique de polyculture-élevage, mais les céréales progressent sur des terres qui ne le méritent pas. Les communes où il reste de l’élevage correspondent exactement à la carte des zones défavorisées. »

La commune de Brèches, où Richard nous reçoit, en faisait partie. Il y élève 100 mères et leur suite sur 165 ha, dont plus de 100 en herbe. Les cultures, dont les rendements atteignent au mieux 60 q/ha en céréales et 65 en maïs, sont surtout dédiées aux animaux. Les mâles sont engraissés en taurillons ou vendus en reproducteurs. « Pour s’en sortir, il faut trouver des niches, la vente de génétique en est une », explique l’éleveur, qui vend aussi 10 % de sa production en direct.

« Des emplois vont sauter »

La perte de l’ICHN creusera un trou de 7 800 €. « La moitié de mon revenu. » C’est aussi le montant de l’annuité supportée depuis la mise aux normes, il y a deux ans. « Je suis passé de 85 à 100 vaches dans l’idée d’employer un salarié à mi-temps pour alléger ma charge de travail. Mais avec 7 800 € de perte, plus question d’embaucher ! »

Il enfile sa casquette de président de GDS pour enchaîner : « On voit déjà des impayés dans les services à l’élevage. Bientôt, des emplois vont sauter dans des centaines de fermes. Le coût d’un salarié, c’est le montant que perdent certains Gaec. Et en comptant le para-agricole, le nouveau zonage menace plus de 600 postes dans le département. » Il s’inquiète aussi de ce que vont manger les Français, puisque « les éleveurs qui ont investi pour faire de la qualité vont se casser la figure, alors qu’on ouvre les frontières au bœuf étranger ».

Faute de « plan B », il y a un projet « Consommer local en Indre-et-Loire », porté par les élus, autour d’un abattoir public, qui promet de nouveaux débouchés plus rémunérateurs. « Mais cela représentera 400 bêtes par an dans le département, soit 10 % de nos réformes, tempère Richard Courtigné. J’ai 35 réformes par an, si j’en passe trois dans ce circuit avec une plus-value de 200 € par vache, je gagne 600 €. » Compenser par des MAE ? « On en a déjà signé. D’ailleurs, pour moi, les 15 000 € promis se sont transformés en 10 000 € qui ne sont toujours pas payés. » Il s’en sortira en demandant à sa banque un rééchelonnement de prêts. Mais enrage de voir que même les fermes qui tournent bien ne pourront plus être reprises. Car l’ICHN permettait d’oublier « qu’il manque encore 0,50 €/kg de viande pour sortir la deuxième narine de l’eau ».

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement