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80 ans avec La France Agricole

Comme un certain nombre de titres de la presse française, La France Agricole est née le 9 juin 1945, dès la fin de la guerre, et fête donc cette année ses 80 ans. Voici comment cela a démarré, relaté par la plume truculente d’Édouard de Frotté. Tout au long de l’année, nous reviendrons une fois par mois sur les grands évènements de cette longue période et sur le traitement qui en a été fait dans nos colonnes.

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La guerre se termine. Au printemps 1945 se retrouvent au bord de l’Oise quelques agriculteurs, auxquels se joignent des hommes d’affaires et hommes de presse. Il est temps, pensent-ils, de lancer un journal qui inspire à l’agriculture française des idées et techniques neuves pour produire davantage.

Au temps des bâtiments endommagés et des tickets de rationnement, la tâche est immense et d’autant plus nécessaire que la paysannerie représente encore près de la moitié de la population et la nourriture plus de 50 % d’un budget moyen. On trouve des apporteurs de capitaux, on choisit la forme coopérative, on s’installe dans un local rue Choron à Paris IXe, on déniche enfin quelques bonnes plumes.

Ainsi naquit La France Agricole

La difficulté vient d’un papier fort rare à l’époque. Pourtant, le 9 juin, tout le monde est au pied de la rotative. Justement, le papier n’est pas arrivé. On s’inquiète… Quelqu’un décide de partir à sa recherche à vélo. Après avoir bien roulé, il aperçoit dans un virage un camion qui en est chargé. Demi-tour… Et selon les coutumes de l’époque, il s’accroche au camion pour revenir. Le premier numéro de La France agricole va sortir parmi les verres levés et les cris de joie. On y trouve déjà l’éditorial signé JA, « Le Cheval de devant » de Philippe Schweisguth, des pages « magazine » et, pour faire bonne mesure, une interview du ministre paysan, Tanguy Prigent.

On croit être les premiers à sortir un organisme de presse pour la paysannerie, mais on découvre que la veille même, le 8 juin, un autre hebdomadaire, Le Journal agricole a vu le jour rue de Madrid. Fondé par Paul Desbruyère, il est dirigé par un jeune homme venu de Seine Inférieure (Seine- Maritime aujourd’hui) qui a pour nom André Bettencourt. Dans son sillage, parmi les actionnaires coopérateurs se trouve un ancien « camarade de chambrée » arrivé aussi de sa province. Il s’appelle François Mitterrand.

Va-t-on assister à un match « rue Choron contre rue de Madrid » ? Heureusement, le bon sens l’emporte, la similitude des idées se fait jour et, dès novembre 1945, les mêmes noms habitent les deux « ours » des hebdomadaires. Ainsi Paul Chaussonnière est-il gérant du Journal agricole et membre du comité directeur de La France agricole, dont il deviendra plus tard président.

« Pour les agriculteurs, par des agriculteurs. »

Il n’y a plus qu’à attendre la fusion. Elle adviendra le 8 novembre 1946 sous le nom de Journal de la France agricole, avec Philippe Schweisguth comme président, André Bettencourt comme directeur, France-Pierre Couvreur comme rédacteur en chef et Paul Desbruyère comme directeur administratif. Entre-temps, les pages « foires et marchés » se sont beaucoup développées, avec des pigistes aux quatre coins de l’Hexagone et les petites annonces se sont étendues. Elles seront une valeur sûre du journal.

Quittant la rue Choron pour la rue des Petites écuries, l’hebdomadaire redeviendra La France agricole. Il absorbera deux titres : La Vie agricole et rurale et Le Monde paysan. André Bettencourt se consacrera à la politique, la présidence sera assurée successivement par Paul Desbruyère et Paul Chaussonnière. Il y aura deux rédacteurs en chef, Couvreur et Larthe, un directeur administratif, René Bodin.

Un agriculteur, Pierre Flandin, viendra de son Morvan pour rédiger les éditos, justifiant plus que jamais la devise : « Pour les agriculteurs, par des agriculteurs. » Il sera un jour président-directeur général et La France agricole deviendra par son tirage numéro un de la presse technique et de la presse agricole européenne. Il installera le journal cité Paradis à Paris, faisant dire à un fidèle abonné : « La France agricole a mis de la paille dans ses sabots, elle est partie des petites écuries et la voilà au paradis ! »

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