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Les abeilles, une richesse ancienne Les abeilles, une richesse ancienne

Depuis le Moyen Âge, les abeilles constituent un secteur bien particulier de l’agriculture, essentiel pour la production du miel et de la cire.

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Les traités d’agriculture comme Le Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres ou les différentes Maisons rustiques sont assez bavards sur le miel matière depuis la Renaissance. Jusqu’au XIXe siècle, les manuels agricoles accordent une place de choix à « l’éducation » comme à la « culture des abeilles ». Dans les campagnes de Beauce, l’abbé Tessier considère, dans L’Encyclopédie méthodique de 1787, leur production comme une ressource non négligeable : à 3 ans, les ruches pouvaient atteindre 40 à 50 kg, dont un bon kilo de cire et 30 à 40 kg de miel « de belle qualité ». Tout comme le ver à soie et la volaille, les abeilles étaient traditionnellement dévolues à la fermière, dans la répartition des tâches agricoles.

Si le miel fut longtemps indispensable pour apporter le sucre sur la table des nantis, jusqu’aux importations de Saint-Domingue à partir du XVIIIe siècle, la cire ne l’était pas moins. Elle alimentait les manufactures de cierges et de bougies, indispensables pour le luminaire des églises et des châteaux. Lors des funérailles, les testateurs précisaient la dépense souhaitée en poids de cire. La cire se retrouvait dans les onguents, les emplâtres et les pommades. Au siècle des Lumières, avec l’augmentation du « luxe », la consommation de cire ne put que stimuler la production.

Les ressources tirées de l’apiculture n’échappaient pas à de multiples producteurs, nullement spécialisés. À la fin du XVe siècle, les paysans de la région de Nançay (Cher), au nord-est de Vierzon, donnaient à leur fille, quand elle se mariait, deux ou quatre « paniers garnis d’abeille, cire et miel ». Toujours en Sologne, les petites églises de campagne recevaient souvent des legs testamentaires en ruches à miel – les « bezeines » – qui faisaient des curés et des fabriciens de petits apiculteurs.

Dans les grandes exploitations, les abeilles pouvaient jouer le rôle d’un complément, comme dans certaines fermes de l’Île-de-France : en 1588, la fermière de Louvres-en-Parisis (Val-d’Oise), qui était l’une des premières à faire l’élevage des dindes, entretenait sept « vaisseaux de mouches » dans l’un de ses jardins. En 1649, au village voisin de Chennevières-lès-Louvres, une autre fermière avec 43 ruches, dont le capital montait à 215 livres, s’en était fait une spécialité. En 1692, Jean Navarre, le plus gros exploitant connu de la région, conservait dans son « combinat » agricole de 754 ha, en plein cœur de la plaine de France, vingt et une ruches réparties sur cinq fermes, à côté de 800 pièces de volaille et d’un troupeau de 214 pourceaux.

Dans certaines régions de montagne et de forêts, l’apiculture était une production spécialisée : dans le Pays de Foix, les miels blancs et parfumés avaient une certaine réputation dans les sept villages du Donezan (Ariège), mais c’est surtout la cire qui donnait lieu à un commerce important au XVIIIe siècle.

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