Login

Réduction du travail du sol et herbicides, une équation complexe

En l'absence de travail mécanique, la destruction des couverts d'interculture implique souvent une intervention chimique.

Les systèmes d’agriculture de conservation des sols (ACS) sont plus utilisateurs d’herbicides que ceux qui travaillent le sol dans le réseau des fermes Dephy.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Bien que présentant des bénéfices socio-économiques et environnementaux, « l’agriculture de conservation des sols (ACS) est questionnée vis-à-vis de sa dépendance aux herbicides », estime Guillaume Adeux, chercheur à l’Inrae. En utilisant les données du réseau des 3 000 fermes Dephy, l’institut de recherche a mené un travail d’évaluation des performances des systèmes en ACS en grandes cultures.

Résultat : les systèmes en agriculture de conservation des sols (ACS) utilisent en moyenne 27 % de plus d’herbicides que les systèmes en TCS (techniques culturales simplifiées) et 90 % de plus que les systèmes avec labour. « Cette différence d’usage s’explique par une légère augmentation du recours au glyphosate, de l’ordre d’un cinquième de dose par parcelle par an, mais aussi aux autres herbicides », indique le chercheur. L’IFT herbicide hors glyphosate est similaire en ACS et TCS, mais plus élevé qu’en labour.

Creuser les situations les plus intéressantes

Pour obtenir ces résultats, l’Inrae a identifié au sein du réseau les systèmes en ACS et en TCS. Ces derniers ont ensuite été comparés à des exploitations analogues (type de sol, présence ou non d’élevage, d’irrigation…) à 50 kilomètres à la ronde. Guillaume Adeux précise que les données utilisées « correspondent à des agriculteurs engagés dans une démarche volontaire de réduction des herbicides, et ne sont pas forcément à l’image de ce qu’il se fait en France. »

Le chercheur ajoute qu’il pourrait être intéressant d’explorer les performances des systèmes en ACS au sein de différentes situations de production : « Ils sont peut-être plus performants dans certains contextes et moins dans d’autres. » Par ailleurs, les données ne précisaient pas la durée depuis laquelle les agriculteurs étaient engagés dans l’ACS.

Il est intéressant de souligner que parmi les exploitations identifiées, certaines en ACS utilisent moins d’herbicides que leurs homologues en TCS ou en labour. Pour Guillaume Adeux, « il faudrait aller creuser ce qu’il s’y passe ».

En parallèle, l’évaluation multicritères a mis en évidence que les systèmes en ACS du réseau Dephy sont notamment caractérisés par une moindre consommation de carburant (–21 % par rapport au TCS et –39 % par rapport au labour) et une productivité inférieure (–19 % et –25 %). « Malgré le fait que les résultats ne sont pas statistiquement significatifs, il est important de noter qu’il y a une différence de marge semi-nette de 40 €/ha/an en moins comparé aux TCS, et de l’ordre de 120 €/ha/an comparativement aux systèmes labour. » Des éléments à mettre au regard d’autres performances environnementales (érosion, biodiversité du sol, circulation de l’eau…) .

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement