Le grand cirque du glyphosate Le grand cirque du glyphosate

Encore raté ! Les États membres ont une nouvelle fois échoué à se mettre d’accord sur le sort du glyphosate (voir page 17). Et cela devient franchement grotesque. Voilà ce qui arrive quand un dossier, qui devrait être tranché sur des considérations scientifiques, bascule complètement en terrain politique. En matière de science justement, vient d’intervenir un nouvel élément, à même de sérieusement challenger la sentence de cancérogénicité probable posée par le CIRC (1) et de rouvrir le questionnement : la publication par l’Agricultural Health Study d’une étude épidémiologique de longue durée, menée auprès de 54 000 applicateurs américains de phytos, qui ne trouve aucun lien entre l’exposition à cet herbicide et le cancer. Dans la hiérarchie de preuves couramment admise en recherche, il faut savoir que les études de cohorte – surtout si l’effectif est très important – (ce qui est le cas) sont tout en haut, juste derrière les méta-analyses et les essais randomisés. Si l’idéologie n’était pas aussi présente en France, voilà qui devrait amener notre ministre de la Transition écologique à, au moins, s’interroger pour le comité d’appel fin novembre, alors que la position française ne repose que sur la seule foi du CIRC, quand toutes les agences officielles de la planète le contredisent… Il ne faut guère y compter. « En réalité, maintenant, chacun a intégré qu’il va falloir qu’on commence très sérieusement à programmer la sortie de la plupart des pesticides. »  Nicolas Hulot a clairement dit là où il voulait en venir, avec pour arrière-pensée la généralisation de l’agriculture bio. En adoptant une telle posture, il devrait pourtant tout souspeser, car la bio utilise aussi des pesticides, même s’ils ne sont pas de synthèse, et le dossier du sulfate du cuivre, voire de l’huile de neem, risquent rapidement de lui revenir en boomerang… Les agriculteurs n’ont pas attendu Nicolas Hulot pour relever le défi sociétal et explorer de nouvelles pistes, comme l’agriculture de conservation, que le ministre ignore superbement, et qu’il s’apprête à tuer sans états d’âme, en lui retirant le brin de glyphosate qui lui est indispensable…

(1) Centre international de recherche sur le cancer.