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Le numérique pour compenser la surdité Le numérique pour compenser la surdité

Franck Souiry est atteint de surdité. Il élève des salers et compte sur la technologie pour l’aider au quotidien.

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Reprendre la ferme familiale de Prendeignes, sur les collines du Ségala lotois, a toujours été le rêve de Franck Souiry, sourd de naissance. « Moi, je ne voulais pas, ça me faisait peur, raconte Gérard, son père. Je craignais que la vente de broutards dans cette région soit peu rémunératrice. Et c’est une activité qui nécessite beaucoup de vigilance. »

Franck a tenu bon. Après avoir travaillé douze ans dans les travaux publics, il s’est installé en 2015, lorsque Gérard a pris sa retraite. « Je voulais prouver qu’une personne atteinte de surdité pouvait être agriculteur », confie-t-il. Le jeune homme de 38 ans a appris la langue des signes française (LSF) lorsqu’il était enfant, dans une école spécialisée à Rodez, dans l’Aveyron. C’est là qu’il a rencontré Virginie qui, par la suite, est devenue son épouse. Au collège, comme au Legta d’Onet-le-Château (Aveyron), Franck a suivi les cours avec les entendants. « Mais c’était trop dur, même si je lis sur les lèvres et que j’ai une très bonne mémoire visuelle. Aujourd’hui, je veux me battre pour qu’il puisse y avoir des interprètes en LSF dans les lycées agricoles. »

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Sur son exploitation, Franck communique avec le monde extérieur grâce à son smartphone. Il est en réseau avec ses amis de l’Association des agriculteurs sourds de France, dont il est vice-président. Pour contacter le mécanicien, le vétérinaire ou le boulanger à qui il vend du bois, il procède par SMS. Pour joindre les services de la banque ou de l’assurance, il passe par un site d’interprétation en LSF. Il exprime par signes ce qu’il a à dire à un traducteur présent en visioconférence, et celui-ci délivre le message par téléphone à l’interlocuteur. Mais encore faut-il que le réseau 4G fonctionne, ce qui n’est pas toujours gagné à la campagne ! « Pour les réunions professionnelles, c’est plus difficile, reconnaît-il. La dernière fois, mon père m’a accompagné, mais il m’a traduit trois phrases en deux heures. Là aussi, il y aurait besoin d’un interprète en LSF. »

Autre difficulté pour Franck : les déplacements. Comme il n’entend pas un cardan qui tape ou un véhicule qui klaxonne, il compte sur la technologie pour l’aider. Dans son tracteur, le tableau de bord lui signale la moindre panne. Sur son pick-up, la caméra de recul est bien utile. « Je souhaiterais installer un dispositif de surveillance dans l’étable, pour être prévenu lorsque les vaches se battent et intervenir pour éviter les avortements, précise-t-il. J’étudie la possibilité d’obtenir des aides pour m’équiper et travailler en toute sécurité. » Florence Jacquemoud

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