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Ils ont marqué 2017 2. La grippe aviaire a chamboulé leur métier

Les deux épisodes d’influenza ont occasionné des pertes de production chez Muriel Chanteloube Catinel et son mari, Bruno, éleveurs de canards et gérants d’un couvoir.

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«Notre métier d’éleveur n’a plus grand-chose à voir avec ce que nous faisions avant l’influenza aviaire, estime Muriel Chanteloube Catinel. Tout est devenu plus compliqué. » Avec son mari Bruno, elle produit 9 000 canards prêts à gaver entre octobre et février, et 100 000 canetons mulards à l’année à Thenon, en Dordogne. Chez eux, les deux vagues successives de l’épizootie ont laissé des traces. En 2016, la perte s’élève à 17 000 canetons, puis 6 000 canetons sur le deuxième épisode.

« Les mesures de biosécurité imposent de revoir nos méthodes de travail, notre organisation, les flux de circulation dans l’élevage », précise-t-elle. La première vague de mesures a été prise au printemps 2016. La deuxième, en cours, se traduit par la construction de trois nouveaux bâtiments, dont un pour stocker les céréales et un qui sert à confiner les volailles, si besoin. Pour cette exploitation qui emploie trois salariés, l’investissement s’élève à 300 000 €, sans hausse de production. « Dans les années à venir, on peut même s’attendre à une diminution des volumes », estime Muriel.

Liberté perdue

L’accouvage représente 70 % du chiffre d’affaires, soit 400 000 €. Il est resté stable en raison d’une répercussion sur les prix des canetons vendus aux éleveurs. Les mises en place des reproducteurs sont plus délicates à gérer dans le couvoir. Des semaines chargées alternent avec des périodes calmes, ce qui complexifie la gestion. « Les commandes sont moins fréquentes mais en lots plus importants. On est globalement sur une stabilité des volumes. L’enjeu est de ne pas perdre d’œufs, les périodes d’incubation étant courtes. »

Muriel l’avoue : elle n’a plus la même vision de son métier. « Nous avons le sentiment de n’avoir aucune liberté et de ne plus être chefs sur notre exploitation. Avec les contrôles, les aspects réglementaires, nous avons toujours des comptes à rendre à quelqu’un. Les vides sanitaires et la déconcentration des élevages vont dans le bon sens mais nous n’avons aucune garantie face à ce virus, même si ces mesures sont bénéfiques pour le bien-être animal et nos conditions d’élevage. »

Pourtant, Muriel a foi en son métier et la passion demeure. « La confiance de nos clients et des consommateurs nous incite à continuer. » Face aux attentes de la société et aux critiques, elle défend une ruralité vivante attachée aux territoires. « L’important est de ne pas perdre le lien entre les animaux, le terroir et l’éleveur. »

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