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Corinne Lepage dépose un recours européen contre le glyphosate

Corinne Lepage a déposé le 2 août 2024 un recours devant l’Union européenne, qui vise la prolongation de l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate.

Corinne Lepage a déposé le 2 août 2024 un recours devant l’Union européenne, qui vise la prolongation en novembre dernier, de l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate.

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L’ancienne ministre de l’Environnement et ex-députée européenne trouve « pervers » que la Commission ré-autorise le glyphosate mais l’entoure de conditions d’utilisation, et notamment de réserves de biovigilance extrêmement lourdes, si les États membres décident d’utiliser dans leur pays ce produit phytopharmaceutique à usage d'herbicide. « La Commission se décharge sur les Etats membres », explique Corinne Lepage à La France Agricole.

Alors que les États membres ne parvenaient pas à trouver d’accord en octobre dernier, l’Union européenne avait tranché en annonçant un renouvellement de mise sur le marché pour une durée de dix ans. Une décision fondée sur les conclusions du rapport de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) publié le 26 juillet 2023. Si les conclusions de l’Agence européenne étaient favorables au glyphosate, le rapport était « assorti de réserves sur les lacunes du dossier », rapporte l'avocate.

Violation du principe de précaution

Corinne Lepage a été chargée du dépôt de ce recours par le Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen), l’Association des maires anti-pesticides et l’association Agir pour l’Environnement. Les trois associations dénoncent une « violation du principe de précaution », le glyphosate ayant notamment été classé en 2015 comme « probablement cancérogène pour l’homme » d’après le Centre international de recherche sur le cancer.

Mais, surtout, l’avocate appuie ses arguments sur le fait que l’Europe se soit basée sur un produit en particulier, pour prolonger l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate. « Le même produit que le Roundup pro 360 », précise Corinne Lepage dans une interview au Parisien. Or le tribunal administratif de Lyon a annulé la mise sur le marché du Roundup pro 360 par une décision du 15 janvier 2019.

La vente, la distribution et l’utilisation de ce produit sont interdites en France depuis ce jour par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation). De quoi plaider une « violation du principe de précaution ». L'agence française a par ailleurs retiré en novembre de la même année, 29 autorisations de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques à base de la substance active glyphosate, dans le cadre du renouvellement des autorisations de ces produits.

La réponse de l'Union européenne à ce recours devrait intervenir en 2025.

Pour une égalité de traitement en Europe

« Je suis particulièrement sensible à la cause des agriculteurs », confie Corinne Lepage à La France Agricole, et attire l’attention sur le fait que l’autorisation actuelle ne s’applique pas avec une égalité de traitement au sein de l’Europe. L’ancienne ministre de l’Environnement rappelle aux agriculteurs : « La première chose à faire est de se protéger, eux-mêmes et leur famille », car trois maladies (cancer de la prostate, Parkinson, lymphomes non hodgkiniens), en lien avec l’exposition aux pesticides sont désormais considérées comme maladies professionnelles.

« Cela veut dire que les pouvoirs publics reconnaissent le lien de causalité. » Corinne Lepage voudrait par ailleurs que les riverains exposés aux pesticides bénéficient de la même prise en charge pour ces maladies. Elle va lancer à cet effet une action collective au nom des personnes qui vivent près des lieux d’épandage.

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