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La Pac française ne répond pas aux exigences de réduction du carbone

Le PSN mise notamment sur la réduction du plafond d’éligibilité de l’aide couplée bovine et l'implantation de haies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole.

Selon une étude, la déclinaison française de la Pac ne permet pas de répondre à l’objectif de réduction des émissions de GES du secteur agricole fixé par la stratégie nationale carbone.

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Commandité par le Collectif Nourrir (1), le cabinet de conseil en énergie-climat Carbone 4, a mené un diagnostic sur la compatibilité du Plan stratégique national (PSN) français avec la Stratégie nationale bas carbone 2 (SNBC 2). L’objectif ? Vérifier l’efficacité des mesures agricoles de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de séquestration de carbone inscrites dans la déclinaison française de la Pac et s’assurer qu’elles répondent à l’ambition de neutralité carbone attendue pour 2050. Pour ce faire, Carbone 4 s’est penché sur les mesures du PSN favorables à la réduction des émissions de GES.

Réduction des émissions

Sur le méthane, pour atteindre une réduction de 2,3 MtCO2e, une seule mesure est envisagée dans le PSN. Il s’agit du plafond d’éligibilité de l’aide couplée bovine réduit à 120 UGB (contre 139 auparavant). D’après Carbone 4, cela équivaut à une diminution de 0,5 MtCO2e, soit 22 % de l’objectif de réduction attendu sur la période. Couplée à l’érosion historique des cheptels bovins, la mesure permettrait d’atteindre une baisse totale des émissions de GES de 1,14 MtCO2e. Il manquerait ainsi 1,16 MtCO2e pour répondre aux objectifs de la SNBC2.

Pour réduire de 1,8 MtCO2e les émissions de protoxyde d’azote du secteur agricole, le PSN parie notamment sur le doublement des surfaces en légumineuses. Cette stratégie permettrait une économie notable en engrais azotés, équivalente à 0,8 MtCO2e. Toutefois, cette économie n’est chiffrée qu’à partir de l’hypothèse d’une implantation d’une culture de légumineuses après une grande culture. Le gain est moindre après une prairie temporaire, souligne Carbone 4. « Ainsi, l’hypothèse de 150 000 tonnes de réduction d’engrais semble excessive) », écrivent les rapporteurs. En tenant compte également de l’objectif de 18 % de SAU bio d’ici 2027, la baisse des émissions en protoxyde d’azote est chiffrée à 0,8 MtCO2e sur la période 2023-2027, soit la moitié de l’objectif attribué au protoxyde d’azote.

Séquestration de carbone

Pour réduire les émissions de GES des terres agricoles de 3,4 MtCO2e, le PSN compte sur le maintien des prairies permanentes ainsi que l’implantation des haies. Toutefois, la mesure de maintien des prairies ne permet que d’éviter le rejet de près de 2,2 MtCO2e. « Cette mesure évite les émissions, évite de faire pire mais pas d’améliorer », résume Sylvain Borie de Carbone 4.

L’implantation de 1 750 km linéaires de haies par an permettrait de cumuler un stock additionnel de 141 000 tCO2e d’ici à 2030, soit un flux net de séquestration moyen de 16 000 tCO2e par an. Les objectifs affichés dans la SNBC 2 ne sont une nouvelle fois pas atteints.

Des objectifs ambitieux

Le cabinet d’études a poursuivi ses travaux en agglomérant toutes les émissions du secteur agricole (méthane, protoxyde d’azote, autres émissions) avec l’impact de la méthanisation. Il en ressort un déficit de 0,7 MtCO2e en 2027 entre les émissions agricoles et les objectifs de la SNBC.

L’écart se creuse encore davantage et atteint 1,9 MtCO2e lorsque les experts appliquent des hypothèses plus réalistes (SAU de 16 % en bio en 2027, érosion moins rapide que prévue du cheptel bovin, …).

En y intégrant l’effet des terres agricoles sur les émissions, ce constat est encore amplifié. La baisse permise par le PSN est de 3,8 MtCO2e, soit la moitié de l’objectif.

(1) Le Collectif Nourrir regroupe 54 organisations paysannes, environnementalistes et associations de consommateurs.

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