International Les réserves du monde agricole sur le plan eau du gouvernement allemand
Le principal syndicat agricole DBV dénonce la focalisation sur l’approvisionnement en eau potable.
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Concernée par des épisodes récurrents de sécheresse, Berlin s’est doté à la mi-mars d’un plan pour garantir l’approvisionnement en eau potable à l’horizon de 2050. Le document part d’un constat : la ressource est mal répartie sur le territoire de la République fédérale.
Le principal syndicat agricole DBV déplore l’absence d’un accent en faveur de la production de denrées alimentaires. « Il est compréhensible que l’approvisionnement en eau potable soit en première position mais la production de denrées alimentaires devrait être clairement en seconde position devant les autres secteurs », détaille Robert Kero, spécialiste environnement au DBV.
D’autant que la branche, qui représente 2,2 % des prélèvements, selon les chiffres officiels, doit faire des efforts de l’avis de la ministre fédérale de l’Environnement. L’écologiste Steffi Lemke a appelé les exploitants à adapter leurs pratiques d’irrigation au changement climatique. Il est aussi question de généraliser et harmoniser les contributions financières pour les prélèvements d’eau afin de financer les investissements nécessaires.
Des alternatives encouragées
« Considérer l’irrigation comme quelque chose de négatif nous paraît à courte vue », répond Robert Kero. Il reconnaît néanmoins que le choix des cultures, le travail et l’analyse des sols peuvent permettre de faire des progrès. Le plan eau suggère aussi d’utiliser des eaux usées retraitées en alternative au prélèvement dans les nappes.
« C’est une bonne idée si on peut garantir qu’il n’y a pas d’accumulation de polluants. Il y a une certaine sensibilité chez les exploitants. Par le passé, on a recouru à l’épandage de boues d’épuration. C’est devenu entre-temps très contrôlé et les agriculteurs sont désormais beaucoup plus prudents, en particulier quand les terres sont louées », explique Robert Kero.
Un œil sur les bassines françaises
Estimant que l’Allemagne est en retard sur le sujet, le spécialiste du DBV lorgne les projets français de mégabassines, objets de vives protestations : « Au début du XXe siècle, on a procédé à de nombreuses retenues pour alimenter les réseaux en eau potable selon les besoins. Peut-être devrions-nous entamer une initiative similaire pour pouvoir affronter des conditions plus défavorables dans 30 ans. » Le son de cloche est différent au syndicat minoritaire AbL, proche de la Confédération paysanne, qui apporte son soutien aux manifestants de Sainte-Soline.
Un volet du plan eau vise à réduire les pollutions industrielles comme agricoles. L’Allemagne a été condamnée à plusieurs reprises au niveau européen pour son manque d’action contre la pollution au nitrate. Berlin a réagi avec une réglementation très stricte. À long terme, la réduction des intrants doit passer, selon le gouvernement, par une réduction des cheptels et une interdiction d’utilisation de pesticides à proximité des cours d’eau.
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