En lait, viser plus de 11 500 kg par an pour gagner du temps et de la rentabilité
Dans le contexte actuel, certains éleveurs misent sur une production laitière plus importante par vache pour gagner du temps et améliorer leur retour sur investissement.
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La tendance est à l’augmentation de la production de lait par vache. En Ille-et-Vilaine, premier département laitier, Eilyps, société de conseils en élevage, comptait il y a cinq ans à peine quinze élevages dont les vaches produisaient plus de 11 500 kg de lait par an. Ils sont désormais plus de cent cinquante. Pourquoi et comment sont-ils arrivés à ce niveau de production ? Quelle est leur efficacité économique ? « Nous avons réalisé une étude comparant les résultats des cinquante élevages Eilyps les plus productifs (HP) avec ceux du groupe des éleveurs de prim’holsteins (PH) dans le contexte actuel du prix du lait », explique Arnaud Frin, responsable stratégie et projet chez Eilyps.
La souplesse de travail avant le gain économique
« Plus de lait par vache, c’est moins d’animaux, donc moins de travail. » Les éleveurs interrogés ont avant tout recherché un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. Un tiers d’entre eux visent quatre à cinq semaines de congé par an et davantage de souplesse dans leur emploi du temps.
Plus de 90 % sont équipés de robots de traite. Leur priorité est de maîtriser la charge de travail (80 % déclarent travailler plus de 60 heures par semaine), tout en maximisant la production de lait par unité de main-d’œuvre (UMO) pour dégager du chiffre d’affaires et se rémunérer correctement.
Seuls 20 % ont cherché un gain économique. Pourtant, 85 % de ces élevages font partie du quart supérieur des élevages prim’holsteins et affichent une marge sur coût alimentaire (MCA) supérieure de 1,55 euro par vache laitière et par jour par rapport à la moyenne.
La marge sur coût alimentaire, un indicateur prioritaire
Une enquête qualitative auprès de trente éleveurs à haut potentiel de production a mis en évidence leur conduite. Premier constat : neuf sur dix pilotent leur atelier laitier à partir de la MCA. « Ils raisonnent en euros par vache, c’est la marge sur coût alimentaire qui fait le lien entre le travail, la surface fourragère et la saturation des bâtiments », souligne Arnaud Frin. Autre caractéristique commune : la mise en place de protocoles rigoureux (vaccination, parage, dermatite, tarissement, déclenchement des chaleurs…).
Eilyps identifie cinq leviers techniques majeurs sur lesquels ces éleveurs concentrent leurs efforts : efficacité alimentaire, reproduction, santé et confort des bâtiments, renouvellement, longévité du troupeau. Tous influencent directement la marge.
Miser sur l’efficacité et le retour sur investissement
L’efficacité alimentaire ressort comme le facteur le plus corrélé à la MCA. « Pour eux, la dépense alimentaire engagée en plus doit être au moins couverte par la recette laitière supplémentaire. La logique est celle du retour sur investissement », résume le responsable de l’étude. Leur but affiché est d’optimiser le potentiel laitier. Les producteurs soignent particulièrement la préparation des vaches taries et le vêlage, afin de démarrer avec des pics de production supérieurs à la moyenne. Tous réalisent des analyses pour équilibrer au mieux leurs fourrages.
Côté reproduction, ces éleveurs déclenchent la première insémination non pas en fonction de la production, mais du nombre de jours de lactation (après vêlage). Des échographies mensuelles affinent le suivi.
« Faire durer » les vaches
Contrairement à une idée répandue, le taux de réforme du groupe HP n’est pas plus élevé que celui de la moyenne des prim’holsteins (PH). Ces producteurs misent tout sur leurs vaches, leur principal capital de production, et cherchent à les faire durer. Le bien-être animal, grâce à une bonne ambiance dans le bâtiment, est une priorité : ventilation (brasseur d’air, ventilation dynamique, rideau…), luminosité, espace disponible (supérieur à 5 m² par VL, contre une référence à 2 à 3 m²), accès à l’auge et à l’abreuvoir. Le parage est réalisé de manière préventive. L’objectif est de faire vieillir les vaches dans de bonnes conditions (nombre de lactations à la réforme à 3,2, contre 3,1 pour les PH) et maximiser la production de lait par jour de vie. Ils élèvent un nombre maîtrisé de génisses (taux 36,5 %) et mettent tout en œuvre pour accélérer le premier vêlage grâce à un suivi précis (pesée, mesures).
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