Repérer les systèmes les plus efficients en bovins lait
La maîtrise des charges d’aliments et de mécanisation sont parmi les principaux facteurs d’efficience des exploitations d’élevage relevé par une étude de l’Institut de l’élevage (Idele).
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Quels sont les systèmes d’élevage les plus efficients ? Plusieurs ingénieurs du réseau Inosys ont travaillé à identifier et décrire les exploitations d’élevage les plus efficientes et rentables économiquement (1). « Nous avons cherché à identifier les exploitations viables, vivables, transmissibles et reproductibles, inscrivant leur développement dans une démarche socialement responsable », explique Denis Follet de la chambre d’agriculture régionale de la Bretagne.
Indicateurs d’efficience
Pour cela, ils ont défini des indicateurs permettant de mesurer l’efficience d’une exploitation. On distingue l’efficacité d’un système, qui est définie par le fait de permettre de satisfaire les objectifs de l’éleveur, de l’efficience qui mesure la capacité du système à utiliser les ressources de manière optimale (2).
Plusieurs indicateurs ont été calculés par les experts (lire l'encadré) dont le premier est l’efficience globale. « On a ramené le total des produits de l’exploitation herbivores et végétaux sur le total des intrants nécessaires pour produire. Dit plus simplement, on a regardé combien un euro d’intrants peut générer de produit », détaille Denis Follet. Sur l’échantillon de 510 exploitations d’élevage — bovins lait, viande et ovins lait — du réseau Inosys étudiées, la moitié des élevages génèrent plus de 1,86 € de produit pour 1 € de charges engagées. L’étude s’est focalisée sur les élevages spécialisés en conventionnel et sur les chiffres de l’année 2022.
« Il y a plusieurs chemins pour être plus efficient qui passent notamment par la cohérence des systèmes et la maîtrise des charges », constate Christophe Grosbois, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Il relève comme leviers principaux d’efficience, la maîtrise des charges d’aliments, ce qui concerne les concentrés comme les fourrages, mais aussi des charges de mécanisation.
Focus sur les bovins lait
Au sein du groupe des exploitations en bovins lait (256 fermes), celles qui sont les plus efficientes (décile supérieur) ont une valorisation très supérieure de l’aliment acheté et autoconsommé, elles utilisent beaucoup moins de charges d’approvisionnement sur les surfaces (grandes cultures et surface fourragère), leurs charges de mécanisations sont réduites et le montant de leurs immobilisations en bâtiment est inférieur.
« Elles possèdent des surfaces fourragères à meilleur potentiel, avec des rendements en maïs ensilage à 13,1 t MS/ha, contre 11,2 t MS/ha pour la moyenne, et 5,8 t MS/ha pour l’herbe contre 5,4 t MS/ha pour la moyenne. Elles ont des animaux qui consomment plus d’herbe, 3,8 t MS/UGB contre 3,1 t MS/UGB pour l’ensemble du groupe, et notamment plus d’herbe sous forme de pâturage avec 2 t MS/UGB contre 1,4 t MS/UGB en moyenne », détaille Jean-Marc Zsitko, de la chambre d’agriculture de la Meurthe-et-Moselle.
Ces exploitations ont aussi des vaches qui produisent 650 l de lait en moins, et surtout aucune ne produit plus de 10 000 l de lait par vache. Elles consomment moins de concentrés, autour de 800 kg par vache laitière de moins. Malgré cela, elles dégagent 20 000 € de revenu disponible en plus, alors qu’elles ont moins de surfaces et qu’elles produisent 30 000 l de lait en moins par UMO sur l’année.
Deux profils : les productives et…
Deux profils se dégagent dans le décile des exploitations les plus efficientes (les 10 % meilleures, soit 25 exploitations dans l’échantillon). « Il y a celles qui sont dites productives, elles produisent entre 7 500 et 9 000 l de lait par vache en valorisant les fourrages et en optimisant bien les concentrés. Dans ces exploitations la priorité est donnée surtout à la qualité des fourrages et les menus hivernaux des vaches sont des rations mixtes avec des fourrages récoltés, avec souvent entre 25 et 30 % de la ration en ensilage d’herbe, explique Jean-Marc Zsitko. Elles ne sont pas suréquipées en matériel et privilégient l’achat d’occasion ou de matériel neuf en copropriété et délèguent certains travaux de l’exploitation. »
… Les économes
Dans le groupe des économes, on retrouve le modèle des exploitants qui considèrent qu’un euro d’économisé c’est un euro de gagné. « Elles engagent très peu de charges. Le produit d’exploitation est inférieur à la moyenne, avec des niveaux de productivité par animal très bas, de l’ordre de 6 500 l à 5 000 l de lait par vache, voire plus bas. Ces niveaux de productivité sont en lien avec le potentiel des sols. On retrouve dans ces profils des systèmes très pâturant avec une part de prairies permanentes que l’exploitant cherche à bien valoriser. La mécanisation est économe avec souvent du matériel d’occasion mais bien entretenu », souligne Jean-Marc Zsitko.
(1) Webinaire du Inosys sur la thématique des systèmes d’élevage économes, viables et productifs du 19 juin 2025. Le réseau Inosys est composé d’exploitations choisies pour leurs bonnes performances, notamment économiques. Leurs résultats ne reflètent pas la moyenne des exploitations françaises.
(2) Selon le concept de « triangle de performance » formalisé par Amélie Fischer, de l’Idele, et Philippe Faverdin, de l’Inrae.
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