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Comment réagir face aux difficultés de trésorerie

Demander une année blanche en annuité peut apporter un souffle de trésorerie mais il faut demander que les annuités soient reportées en fin de prêt.

Il existe plusieurs solutions pour faire face à une trésorerie dégradée sur son exploitation agricole. Première étape : réaliser un état des lieux de la situation.

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Lorsque la situation de trésorerie d’une exploitation est tendue, plusieurs solutions peuvent être mises en place. « Il ne faut pas attendre que la situation se dégrade. La clé, c’est d’anticiper », conseille Carine Hardy, chargée de mission en conseil aux entreprises à la chambre d’agriculture de l’Eure-et-Loir et mise à la disposition d’Aidagri 28.

État des lieux initial sur cinq ans

Premier conseil de l’experte : réaliser un bilan à partir des chiffres comptables des cinq dernières années afin d’identifier les pistes de progression d’un point de vue technique et les aménagements de la dette qui peuvent être mis en place. « Les chiffres sur une seule année, cela ne suffit pas. Avec un recul sur cinq ans, il est plus facile d’identifier les leviers possibles pour redresser la situation », justifie Carine Hardy. Ce travail est fait préalablement à un rendez-vous qui sera organisé avec la banque et qui doit être bien préparé. Le premier levier est de travailler sur les améliorations possibles d’un point de vue technique.

Maintenir la relation avec le comptable

Il est très important de maintenir une bonne relation avec son cabinet comptable et que la comptabilité de l’exploitation continue d’être réalisée dans les délais. « Sans comptabilité, il est impossible d’identifier les leviers à actionner. De plus, une non-déclaration des revenus professionnels peut avoir pour conséquences une taxation d’office par la MSA et les services fiscaux, avec des montants pénalisants fortement les exploitations. » Cela peut aussi entraîner un ajournement ou une suppression du RSA ou de la prime d’activité.

Année blanche ou réaménagement

« Lorsque l’on rencontre la banque, on présente un point sur la situation familiale, le foncier, le matériel et les outils de production, explique Carine Hardy. On expose d’où viennent les difficultés et on présente les actions mises ou à mettre en place pour dégager un revenu. » Un état des dettes est aussi calculé préalablement à ce rendez-vous.

Selon le niveau de difficultés rencontré, différentes solutions avec la banque sont possibles. Cela va de la mise en place d’un prêt à court terme du type Daily, de l’aménagement d’une année blanche en annuités, avec un report en fin de tableau, jusqu’à un travail de réaménagement des emprunts. L’année blanche peut apporter un souffle de trésorerie, mais « il faut demander que les annuités soient reportées en fin de prêt, conseille Carine Hardy, et pas seulement un report à l’année suivante ». Le réaménagement consiste en un regroupement de tout ou partie des emprunts en un seul prêt qui pourra courir sur une période plus longue. Cela réduit le niveau de remboursement. Mais attention, cette restructuration a un coût !

Si la situation est trop dégradée, un placement en procédure de sauvegarde ou redressement judiciaire pour restructurer les dettes peut être envisagé.

Procédure de sauvegarde

« Avant le placement en procédure de sauvegarde, je propose à l’agriculteur de rencontrer un mandataire judiciaire qui répond à ses questions et lui explique en quoi cela consiste », explique Carine Hardy. Mais pour cela, l’exploitation ne doit pas être en situation de cessation de paiements (les dettes à court terme ne doivent pas être supérieures aux créances). La conseillère insiste sur le fait que l’agriculteur reste maître de la gestion de son entreprise. Cette dernière est placée en période d’observation pour six mois au cours de la sauvegarde. Les dettes antérieures à la date de placement en sauvegarde sont gelées. « Le plus souvent, nous demandons le prolongement de la période d’observation de six mois qui peut aller jusqu’à dix-huit mois au total, pour récupérer de l’oxygène avec la vente d’au moins une récolte sur la période », explique Carine Hardy.

Aide au répit

Le service social de la MSA peut accompagner individuellement les agriculteurs qui rencontrent des difficultés. Une demande de RSA (revenu de solidarité active) peut être envisagée ou la mise en place d’une aide au répit pour se faire remplacer pour souffler.

Cette dernière s’adresse à tous les agriculteurs, quel que soit leur niveau de revenu. Elle permet, notamment de financer des jours de remplacement, à hauteur de 7 à 14 jours, renouvelable selon les situations. Le service de remplacement est le plus souvent sollicité mais la prise en charge de l’embauche d’un salarié en direct est aussi possible. Plus d’une trentaine de caisses locales de MSA ont également mis en place un accompagnement pour faire face à la surcharge administrative, sous la forme de la mise à disposition d’un agent administratif pour se remettre à flot. Les salariés agricoles peuvent aussi bénéficier d’un accompagnement auprès des services d’action sanitaire et sociale de la MSA.

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