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Quand petite surface rime avec grande qualité de vie

Au maximum, la SAU de Jean-Pierre Michallat a atteint 63 ha cultivés en maïs, soja et herbe. Elle est redescendue à 45 ha, mais plus groupés autour du bâtiment.

À plein temps sur une petite ferme céréalière, Jean-Pierre Michallat a trouvé son équilibre. Mais l’heure de la transmission approche.

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Jean-Pierre Michallat arbore le sourire d’un homme heureux. « Si vous écrivez que je le suis, vous n’aurez pas tort », confirme l’agriculteur de 61 ans. À cinq ou six ans de la retraite, il est déterminé à transmettre sa ferme. Et avec elle, un peu de ce mode de penser et de travailler qui lui a permis de vivre « sans jamais manquer de rien » sur à peine soixante hectares. En produisant des céréales sans label et sans autre diversification qu’une poignée de bovins en pension, c’était une gageure.

« Je ne dois rien à personne »

Installé en 1988 à Moirans en Isère, le jeune diplômé de BTS agricole avait failli se voir refuser la DJA tant son projet semblait peu ambitieux. Il rejoignait son père, à huit ans de la retraite, sur une ferme de 45 ha en maïs avec douze vaches allaitantes, sans l’envie de tout changer. « J’ai dit que ce système qui avait satisfait mes parents m’irait aussi, se souvient-il. Je viens d’une famille modeste qui se contente de ce qu’elle a et ne doit rien à personne. » Célibataire sans enfant, avec peu de charges et sans dette, il juge avoir bien vécu.

Il s’est agrandi jusqu’à 63 ha et a introduit du soja, dont une partie en contrat de semences. Il n’a jamais voulu plus d’hectares. « J’ai trouvé un équilibre de vie », confie-t-il. Il ne craint pas les fenêtres météo toujours plus courtes pour semer, désherber, récolter… Et il s’est gardé du temps pour faire 200 km de vélo par semaine, apprendre l’arabe, rencontrer des gens de tous horizons et s’investir professionnellement — au syndicat de rivière, à la chambre d’agriculture et à la section nationale des fermiers et métayers de la FNSEA.

Il a vendu ses vaches mais a conservé ses prairies, pourtant labourables. Depuis douze ans, l’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir) lui confie des bovins en pension. Selon le choix de l’association, ces anciens maltraités resteront là à vie ou le temps d’être remis en état. Un négociant lui laisse aussi des broutards à engraisser quelques mois. Il touche 1,5 € par jour et par broutard et 2 € par jour et par bovin de l’OABA. « J’ai bien trop d’herbe pour le nombre de bêtes, avoue l’agriculteur. Je vends du foin à un centre équestre, mais je gagnerais plus en faisant du maïs ! » Rentable ou non, il aime la présence animale, et apprécie d’avoir des surfaces qui ne reçoivent pas de phytos.

Jean-Pierre Michallat entretient son matériel pour le faire durer. Ici avec son vieux Someca de 85 chevaux à deux roues motrices. (©  Bérengère Lafeuille)

Un matériel ancien bien entretenu

Financièrement, tout va bien. « Mon patrimoine se résume à ma maison et 20 ha en propriété, mais avec mon petit système je mets de l’argent de côté tous les ans, expose-t-il. Et mes trois emprunts en cours — pour la maison, le terrain et une réparation sur un tracteur — seront tous remboursés en 2026. » Il n’a « pas voulu mettre le doigt dans l’engrenage qui oblige à travailler toujours plus pour amortir les investissements, engendre du stress et rend dépendant des banques ».

Du côté des rendements, il vise l’optimum économique plutôt que le maximum. Sur ce terroir d’alluvions, il récolte 100 à 110 q/ha de maïs au lieu de 140 q/ha chez ses voisins, et 30 q/ha de soja au lieu de 40, mais avec peu d’intrants. Son matériel ancien est bien entretenu : un tracteur de 85 chevaux de 1976 lui sert toujours, comme le 100-chevaux acheté d’occasion il y a dix ans et le 110-chevaux acheté neuf il y a trente ans. Avec peu d’électronique, la maintenance est simple. Quelques outils, dont un pulvérisateur et du matériel fourrager de seconde main, reposent sous un hangar autoconstruit. Le reste est en Cuma.

Récemment, sa SAU est retombée à 45 ha au gré d’échanges parcellaires. « J’ai préféré consolider l’îlot près du bâtiment, ce sera mieux pour le repreneur », explique l’agriculteur qui, lucide, enchaîne : « Lui devra quand même chercher de la valeur ajoutée : bio, transformation, maraîchage ou petit élevage. »

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