La fibre familiale pour la production de semences
Dans le Finistère, Fanny et Samuel Bodennec ont repris l’exploitation familiale pour faire perdurer et développer le savoir-faire de leurs parents, précurseurs dans la production de semences.
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Pionniers de la production de semences en Bretagne, Pierre et Margot Bodennec peuvent être fiers d’avoir transmis un outil performant, et qui plus est, à leurs enfants. Car l’histoire n’était pas écrite à l’avance. Fanny, 38 ans, et Samuel, 36 ans, ne sont pas tombés dans la marmite tout de suite. « La ferme n’était clairement pas notre terrain de jeux, enfants, avec le va-et-vient des chariots élévateurs », lancent Fanny et Samuel. « À la saison des endives, on se réveillait endive, on mangeait endive, on se couchait endive. » De quoi les détourner de l’exploitation.
Installés en 1982 sur une exploitation du nord du Finistère, les parents développent, à côté des légumes plus traditionnels (choux-fleurs, échalotes), la production d’endives en investissant dans du matériel de récolte (arracheuse, chaîne de déterrage) et des chambres froides. Ils cultiveront jusqu’à 30 ha. À la fin des années 1990, l’endive est en crise avec des cours en dents de scie. Les exploitants commencent à se diversifier en légumes d’industrie (brocoli, persil, haricots), en plus des céréales qui permettent des rotations.
Le premier à se lancer
En 2002, le semencier Deleplanque souhaite s’implanter en Bretagne où il sait qu’il trouvera le sol, le climat et les hommes. « J’ai vu une annonce à la chambre d’agriculture et l’aventure a débuté avec un essai de 3 ha de planchons de betteraves sucrières », raconte simplement Pierre. C’est le premier à se lancer dans la zone. À 3 km de la mer, la ferme de Kerdivez ne subit pas le gel et les sols de limon sont porteurs pour une récolte en février.
Mais surtout, le matériel utilisé pour les endives est transposable aux betteraves. Les graines de betterave semées en août sont récoltées sous forme de racines afin d’être repiquées dans d’autres bassins de production pour produire des semences. En attendant d’être expédiées, les racines sont conservées à 0°C dans des chambres froides (200 m²) à la place des endives dont la culture a été arrêtée en 2006.
Le partenariat avec le semencier passe une nouvelle étape en 2011 avec la mise en production de semences de colza de printemps pour la production de graines à destination des pays de l’Est. Puis suivront les semences de radis, d’épinard et de pois.
Revenus plus sécurisés
Entre-temps, Samuel est devenu commercial en aliment du bétail dans le nord de la France. Pendant ses vacances, il donne un coup de main et découvre la production de semences. Il y prend goût. Après trois ans comme salarié sur l’exploitation, il s’installe en EARL en 2018 en reprenant les parts de son père resté salarié à mi-temps.
Fanny suit la même trajectoire. Après des études en hygiène-sécurité-environnement, elle travaille dans le traitement des effluents d’élevage, en collectivité, part à l’étranger puis comme son frère, le virus des semences la rattrape. Elle s’installe en 2022 au départ en retraite de sa mère. « Si nos parents avaient poursuivi dans l’endive, nous ne nous serions jamais revenus sur l’exploitation », assure la fratrie. La production de semences est exigeante mais elle leur correspond : « C’est technique, il n’y a pas de routine. Surtout, nous sommes souvent à l’extérieur dans les champs. » Les parents ont transmis leur savoir-faire.
La diversification des cultures permet de ne pas avoir tous les œufs dans le même panier. Les contrats pour la production de semences permettent de limiter le risque financier. « Nous ne faisons pas de gros coups mais nous avons des revenus plus sécurisés », estiment les jeunes producteurs.
Parallèlement à l’activité de production, la ferme a développé de la prestation de service pour le semencier pour des cultures mises en place chez des producteurs du Finistère. Les exploitants assurent l’épuration (consistant à enlever les hors-type de façon manuelle dans les champs). Ils réceptionnent les récoltes, assurent le séchage, puis le conditionnement et l’expédition des semences de colza, radis, pois et épinard. Toujours soucieux de s’adapter et ouvert à des opportunités.
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