Concombre : transmettre un bijou de technologie
Dans le Loiret, Jean-Michel Gallier et Frédéric Transon sont spécialistes du concombre en serre chauffée. Un bel outil qui a trouvé un repreneur.
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Dans quelques semaines, Jean-Michel Gallier et Frédéric Transon transmettront des parts de leur entreprise à Florian Ehrhart. Cet ancien chef de culture est venu lui-même démarcher les cédants. « Quand on communique bien sur notre métier et que le bilan est positif, cela donne envie ! », témoigne Jean-Michel Gallier, maraîcher à Ouvrouer-les-Champs dans le Loiret. La dizaine de producteurs sous serre, regroupés au sein de la structure commerciale Sopa-Kultive, ont tous trouvé un repreneur. Si les associés de l’EARL Transon ont transmis facilement leur exploitation, c’est aussi grâce à leur esprit d’initiative.
Optimiser les charges
Installés en 1984, Frédéric Transon et sa soeur Isabelle, la femme de Jean-Michel Gallier, suivent l’évolution du maraîchage : les cultures diversifiées laissent la place à la spécialisation et les abris froids deviennent des serres chauffées. « Au début de 2000, c’était difficile, se souvient Jean-Michel. Les charges augmentaient avec la hausse du coût de l’énergie et le passage aux 35 heures, et l’origine française n’était pas reconnue. » Les producteurs tentent une diversification en horticulture, sans succès, puis en tomate cerise.
« Nous avons arrêté il y a deux ans, à cause de la loi Agec (antigaspillage et économie circulaire). Les investissements étaient trop élevés », ajoute le maraîcher. Sur 4,2 ha, l’entreprise mise à 100 % sur le concombre et le miniconcombre. Et dorénavant, le consommateur est prêt à payer pour un produit « sain ». Cela se traduit dans les serres par une optimisation des intrants : variétés résistantes à certaines maladies, lutte biologique, analyses régulières des besoins d’azote…
Pour diminuer davantage les phytos, les producteurs sont passés à trois cultures par an, à la place de deux. « Les plantes sont plus jeunes et moins malades, observe Frédéric Transon. Même si cela nécessite trois semaines de main-d’œuvre supplémentaire et implique une perte de production, nous sommes gagnants. » Cinq millions de concombres sont produits chaque année.
Cogénération au gaz
En parallèle des légumes, Jean-Michel s’est intéressé à la question de l’énergie. En effet, le chauffage des serres nécessite 12 153 MWh/an, soit l’équivalent de la consommation de gaz de plus d’un millier de maisons (1). En 2010, il réfléchit à un projet de méthanisation. Mais après deux ans d’études, l’Administration refuse le projet, situé en zone inondable.
En 2015, les associés se tournent vers la cogénération au gaz. Les charges énergétiques chutent de 30 % à 10 % du chiffre d’affaires. Grâce à un contrat avec EDF, la consommation de gaz des cinq mois d’hiver est compensée par la vente d’électricité. Néanmoins, ce contrat se termine en 2027. Et après ? « Nous avons trois ans pour réfléchir à l’accès au marché libre, à une énergie renouvelable ou à changer le mode de production », explique Jean-Michel. Florian Ehrhart, le repreneur, est serein : « Nous allons investir à l’automne dans une chaudière au gaz avec un condensateur. » Les émissions de CO2 de cette chaudière de 3 MW seront récupérées et injectées dans les serres pour les besoins des plantes en journée.
Les maraîchers ont également mis en place des activités complémentaires. Pendant une dizaine d’années, Isabelle, aujourd'hui à la retraite, a fabriqué du pain bio qu’elle vendait à côté des serres. Un bon moyen de communiquer. Jean-Michel s’est lancé dans l’innovation. Il s’est associé avec deux chercheurs au sein de l’entreprise Or’igine, afin de mettre au point un dispositif de stabilisation végétale, entre le séchage et la déshydratation.
« Nous cherchions à donner de la valeur ajoutée à nos tomates qui étaient déclassées, explique Jean-Michel, également président d’Agreen Tech Valley, un cluster qui allie végétal et numérique. Nous sommes arrivés à un outil très polyvalent, capable de traiter différents produits, de les transformer en solide ou en poudre, pour des clients dans l’agroalimentaire ou la cosmétique. »
(1) Consommation moyenne de gaz d’un foyer français en 2024 : 10 800 kWh/an (Source CRE).
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