Le pari de l’installation en viande bovine
Installé depuis huit ans, Yannig Raoul a constitué un cheptel allaitant limousin, basé sur un système herbager économe en intrants.
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L’exploitation de Kerun est située sur la presqu’île de Crozon, la pointe centrale du Finistère. Un territoire auquel Yannig Raoul est viscéralement attaché. « C’est ici, à Tal ar Groas, que je voulais m’installer et nulle part ailleurs », lance le jeune éleveur de 34 ans.
Ni fils, ni petit-fils d'agriculteur
Originaire de ce hameau, il n’est pas fils, ni même petit-fils d’agriculteurs, mais il a passé son enfance dans les fermes voisines. Son souhait a toujours été de s’installer. Après un bac agricole STAE (Sciences et technologies de l’agronomie et de l’environnement) et un BTSA Productions animales, il a commencé à travailler dans une entreprise de travaux agricoles (ETA), puis en service de remplacement dans des élevages laitiers et allaitants.
Durant ces cinq années d’expérience, il s’aperçoit que la traite n’est pas faite pour lui. Son projet s’affine. « Mon objectif était de constituer un cheptel allaitant en système naisseur avec l’engraissement des femelles et la vente directe de vaches et de veaux. Un système herbager sans maïs », détaille Yannig.
Transformation des bâtiments
Son rêve d’installation se concrétise en septembre 2015 avec la reprise d’une ferme laitière. « J’étais en discussion avec un voisin lorsqu’il est décédé subitement. Les évènements se sont accélérés. » Yannig démarre avec 23 vaches limousines, 15 veaux et un taureau sur 32 hectares, n’ayant pas pu récupérer les 40 hectares d’origine de l’exploitation.
« Peu de monde croyait en mon projet. Une seule banque a bien voulu me suivre. » Le jeune installé crée un GFA (Groupement foncier agricole) avec ses parents pour acheter les bâtiments et 20 ha de terres en propriété. Le reste du foncier est loué. En parallèle, il garde un travail à l’extérieur chez un exploitant laitier durant deux ans.
Ayant commencé par peu d’animaux, Yannig remanie un hangar à matériel en stabulation sur aire paillée. Au fil du temps, à la faveur d’arrêts d’activité d’exploitations du secteur, il récupère des surfaces pour monter à 67 hectares.
Pour accueillir l’évolution des effectifs, il transforme les logettes qui accueillaient les vaches laitières en stabulation avec aire paillée pour les génisses. En 2021, profitant d’un financement PCAEA (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles), il agrandit la stabulation des vaches.
Économe en intrants
Basé sur le pâturage, le système est volontairement économe en intrants. « Comme j’ai démarré petit, j’ai dû faire des choix en réduisant au maximum les charges », argumente-t-il. Le parcellaire groupé autour de l’exploitation en est le point fort. Sur les 67 hectares, 47 hectares sont accessibles aux vaches.
« Je n’aurais pas augmenté le troupeau si je n’avais pas eu de surfaces accessibles. Je ne voulais pas passer mon temps à déplacer les vaches en bétaillère. » La conduite du pâturage est tournante, selon la pousse de l’herbe. Le rendement en herbe pâturée est de 6,5 tMS/ha en moyenne sur la ferme.
Yannig n’utilise pas d’engrais minéral sur les prairies. Les vaches sont finies au pâturage avec une complémentation à base de drêches venant d’une brasserie locale. « Je n’ai pas acheté un gramme d’aliments depuis mon installation. »
La majorité des animaux (10 vaches et 14 veaux de 5 mois en moyenne par an) sont commercialisés sous forme de colis en vente directe. Le surplus (en moyenne 6 broutards et 4 vaches) est écoulé via le marchand de bestiaux. Les animaux sont abattus localement à Le Faou et découpé par un boucher. Les deux périodes de vêlage (au début du printemps et de l’été) permettent d’étaler les ventes de veaux et d’avoir de la trésorerie tout au long de l’année.
Même si les charges liées à l’installation pèsent encore, les résultats sont encourageants. Yannig a trouvé un système qui lui correspond. Il lui laisse du temps pour ses deux jeunes enfants, mais aussi pour faire des travaux chez une ETA en saison et ainsi rencontrer du monde. Une exploitation ancrée dans son territoire à son image !
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