Chèvre : ils ont choisi une race locale mixte, la pyrénéenne
Mizel Etxeberri et Maina Ithurralde se sont spécialisés dans l’élevage de chèvres. Si la transformation fromagère représente leur première source de revenu, ils œuvrent aussi pour la valorisation de la viande.
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En 2004, Mizel Etxeberri a 20 ans quand il s’installe sur l’exploitation familiale à Ayherre (Pyrénées-Atlantiques) en tant qu’associé, à la place de son père. Sa mère et lui possèdent alors 55 vaches prim’holsteins pour une production annuelle de 180 000 litres de lait, livrés en coopérative. Grâce à l’amélioration de la génétique et l’intensification progressive des pratiques, ils augmentent leur production. Mais neuf ans plus tard, le constat est difficile.
« Changer de cap pour aller vers une agriculture plus motivante »
« Nous avions doublé nos volumes, mais notre rémunération n’était pas meilleure, explique Mizel. Nous étions arrivés au bout d’un système, sans possibilité d’augmenter nos surfaces, ni envie d’aller vers du hors-sol. » Le marché baissier, le manque de visibilité sur l’avenir de sa production et le souhait de gagner en autonomie incitent l’éleveur à un changement radical. Dans le même temps, sa compagne, Maina Ithurralde, jusque-là psychomotricienne, souhaite s’installer sur l’exploitation sachant que la mère de Mizel prévoit de partir à la retraite trois ans plus tard.
« Ensemble, nous avons décidé de changer de cap pour aller vers une agriculture plus motivante selon nous, la plus autonome possible », dit-il. Ils s’orientent alors vers les chèvres, attirés par leur caractère particulier, « tout à la fois affectueuses et indépendantes, espiègles et un peu caractérielles » et leur gabarit plus simple à manipuler.
Chevreaux sous la mère
Dès le départ, le couple s’intéresse à la race locale pyrénéenne peu présente dans les Pyrénées-Atlantiques : « Comme nous n’avions guère de références laitières pour cette race mixte, nous avons sécurisé notre projet en démarrant avec la moitié du cheptel en race alpine avec l’objectif de nous spécialiser à terme en race pyrénéenne. Nous avons acheté des lots de 5 à 10 animaux au maximum, dans différents petits élevages le long de la chaîne pyrénéenne, en essayant de créer un troupeau bien typé. Aujourd’hui, nous n’avons plus qu’une seule alpine. » Les éleveurs optent pour une monte naturelle avec une mise bas en février et 8 mois de lactation.
Les volumes restent faibles. « Par lactation, notre moyenne de production, toutes mères confondues, est d’un litre par jour et par chèvre, disent-ils. Mais il y a de fortes variabilités d’une bête à l’autre et nous sélectionnons nos meilleures chèvres petit à petit. » En attendant, ils apprécient d’autres qualités : « Le lait, riche en caséines, est très fromageable. » Ils tiennent également à élever tous leurs chevreaux deux mois sous la mère. « Ce lait qui nourrit les chevreaux serait davantage rentabilisé si nous en faisions du fromage, explique Maina. Nous pourrions gagner une centaine d’euros supplémentaires par chèvre. Mais c’est une question d’éthique. Les chevreaux nés sur l’exploitation font partie de notre cycle d’élevage. »
Atelier collectif
À 15 ou 16 kg de poids vif (7 kg de carcasse), les chevreaux destinés à l’abattoir sont valorisés en frais (viande conditionnée sous vide) ou transformés (tajine, navarin, merguez, etc.) pour les consommateurs et restaurateurs locaux. Découpe et préparation sont réalisées dans leur atelier de transformation collective, en Cuma, avec l’aide d’un boucher et d’un salarié.
Les exploitants ont d’autres compléments de revenus : un verger de pommes valorisé en jus (pressage et pasteurisation sous-traitée) et des porcs basques Kintoa qu’ils font rentrer sur l’exploitation à l’âge de trois mois. Nourris au petit-lait et maïs de l’exploitation, élevés en plein air pendant 10 mois, ils sont transformés l’hiver (viande fraîche, conserves et salaisons), toujours dans le même atelier collectif.
Après dix ans d’exercice, le couple a atteint son objectif d’autonomie fourragère, de taille de troupeau pour un bénéfice qui leur permet de se rémunérer tous les deux, « un niveau économique désormais à stabiliser », concluent-ils.
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