Débouché local passionnés par les blondes d’Aquitaine
Philippe et Pascale Dufour développent les débouchés locaux pour leurs vaches.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Dans la ferme familiale de la Recette à Échouboulains, dans la Seine-et-Marne, il y a toujours eu de l’élevage. C’est Philippe Dufour et son épouse Pascale qui ont introduit les vaches de race blonde d’Aquitaine en 1988. « Un voisin qui vendait ses bêtes à un boucher parisien m’avait vanté les qualités gustatives de la viande de cette race originaire du Sud-Ouest : sa tendreté, son persillé, la finesse de la fibre… J’ai été influencé », avoue Philippe Dufour.
Autonomie
Le projet était d’élever une trentaine de mères et d’ouvrir une ferme-auberge. « Ses qualités maternelles, sa fertilité, son comportement, sa facilité de vêlage, sa belle relation entre mère et veau nous ont aussi séduit, précise Pascale. Elle valorise aussi bien l’herbe, un atout pour nos terres de la Brie verte au potentiel limité. » Petit à petit, le nombre d’animaux augmente pour atteindre une centaine de mères, soit 250 bovins au total avec leur suite. Les prairies représentent aujourd’hui plus de la moitié de la SAU de 135 hectares. Le reste est constitué de blé, orges, féverole et luzerne destinés à l’alimentation du troupeau.
« Le but est d’être le plus autonome possible en énergie et protéines, souligne l’éleveur. La ration, à base d’herbe, est complémentée à 60 % de céréales et à 40 % de protéines. Elle est unique pour tous les animaux qui restent dans les prés entre 6 et 7 mois par an. » Autonomes, ils le sont aussi concernant l’insémination artificielle. « Nous ne sommes pas dans une zone d’élevage et faire venir l’inséminateur devenait compliqué, précise le couple. Étienne, notre salarié, a suivi une formation pour apprendre les gestes de l’insémination artificielle. Depuis trois ans, c’est lui qui s’en charge avec des paillettes conservées dans des cuves d’azote. Cela nous a permis de gagner en réactivité. »
Depuis deux ans, l’élevage est diagnostiqué Boviwell, un outil d’audit sur le bien-être animal. « De plus en plus d’élevages sont audités. Nous pourrons communiquer sur cet outil auprès du grand public afin de faire reconnaître nos bonnes pratiques », estime Philippe. Passionné de génétique, il a toujours cherché à améliorer la génétique du troupeau, inscrit sur les registres de sélection de la race. Depuis 2003, il participe aux concours nationaux et régionaux pour « rencontrer des confrères, se situer par rapport aux autres élevages et se perfectionner. Ce sont nos vacances à travers la France ! »
Favoriser les débouchés locaux
« Nous nous sommes pris de passion pour cette race que nous valorisons au maximum localement », souligne le couple. Une trentaine de vaches est vendue à un boucher artisanal à Nemours, à 45 minutes de route, et au détail sur l’exploitation. « Nous avons arrêté la ferme-auberge en 2016, mais nous organisons un marché de producteurs tous les deux mois où nous proposons de la viande en caissette », précise Pascale.
À sept mois, les broutards sont, pour l’instant, exportés en Italie. « Pour gagner en valeur ajoutée, nous structurons une filière avec notre organisation de producteurs (OP) créée l’été 2022 pour promouvoir la marque “Nos bovins d’Île-de-France”, auprès des chefs de cuisine de la restauration scolaire et des lycées, et des élus », souligne Philippe. Le travail a déjà porté ses fruits avec la boucherie du Leclerc de Dammarie-les-Lys qui, depuis novembre 2022, découpe une vache par mois issue des 35 élevages de l’OP.
« Sur notre rayon traditionnel, les clients demandent une viande claire, un grain de viande fin et de la tendreté, ce qu’offre la blonde d’Aquitaine », précise Stéphane Rolland, boucher du Leclerc. Pour le couple, assurer des débouchés locaux, c’est pérenniser les élevages et favoriser leur transmission : « Nous espérons ainsi que l’hémorragie des élevages de vaches à viande, toutes races confondues », s’estompera.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :