Systèmes légumiers bio gagner en résilience
Des leviers techniques et économiques existent pour faire face à un marché du bio en tension.
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Entre 2015 et 2020, les producteurs biologiques ont lourdement investi dans la culture légumière de plein champ pour répondre à la demande croissante. Mais aujourd’hui, la filière légumière fait face à une baisse de la consommation. Le projet VivLéBio1 (1) montre que des leviers existent à l’échelle de l’exploitation pour maîtriser les coûts de production et améliorer la durabilité du système.
Maîtrise technique
Les systèmes spécialisés sont plus sensibles aux aléas, l’introduction de nouvelles cultures dans la rotation améliore la résilience de l’exploitation. Mais le choix de celles-ci doit être bien réfléchi. « Il faut se renseigner auprès de son conseiller technique de la coopérative ou de la structure indépendante si des débouchés existent, conseille Julie Leroy, chargée de projet AB chez Agro-Transfert Ressources et Territoires. Il est ensuite important de savoir si l’on dispose du matériel nécessaire à la nouvelle culture, si un voisin peut éventuellement nous le mettre à disposition. Sinon, il faut que cette nouvelle culture soit suffisamment rentable face aux investissements matériels ».
Ensuite, la construction de la nouvelle rotation doit prendre en compte l’éventuel salissement de la parcelle, la sensibilité à certaines maladies, ainsi que les besoins en nutriments de la nouvelle culture.
La conservation des récoltes permet d’anticiper et de gérer selon les besoins de l’aval. « En conservant dans de bonnes conditions, l’exploitant améliore sa résilience face aux demandes aléatoires de centrales d’achat », souligne Julie Leroy.
« Le légume doit être récolté au bon stade et dans de bonnes conditions (éviter la pluie, le gel, le temps trop sec). Le stress subi en parcelle peut également impacter la bonne conservation du légume, rappelle Solène Kieffer, conseillère technique au Marché de Phalempin, partenaire du projet. La variété joue également un rôle dans la durée de la conservation. Il est également nécessaire de disposer de palox propres pour éviter le transfert de maladies. Enfin, les dispositifs frigorifiques doivent être maintenus à une température et une humidité adéquates. » Toutefois, « l’investissement dans du matériel de stockage frigorifique est à raisonner prudemment, nuance VivLéBio1, à cause des coûts énergétiques croissants depuis un an ».
Maîtrise des coûts
Les déclassements et pertes, qui peuvent s’expliquer par un manque de maîtrise technique, conduisent à la baisse du rendement de l’exploitation. La gestion des adventices est importante pour éviter toute compétition sur les cultures les plus sensibles. Une réflexion sur le long terme doit être entreprise pour éviter le salissement de la parcelle sur la durée.
En prévision de ces aléas et pour anticiper les pertes économiques liées à la variabilité des rendements, une provision pour risque peut être intégrée au chiffrage des coûts de production.
Elle est calculée à partir de la perte de rendement estimée sur la culture. Il existe deux types de provision pour risque. La première, calculée en fonction des coûts de production, permet de couvrir les charges. La seconde se calcule à partir du chiffre d’affaires et compense le manque à gagner ou la perte de bénéfice. « La provision pour risque représente une augmentation des coûts de production de 4,2 à 8,5 % à l’échelle de la rotation, note VivLéBio1. Elle est légèrement plus élevée en système spécialisé, qu’en système diversifié ».
(1) VivLéBio1 a produit des références et des outils de conseils aux acteurs du bio quant à la maîtrise des vivaces en système grandes cultures et la construction de systèmes durables avec des légumes de plein champ bio.
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