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Diversification Du poulet pour lisser le travail et le revenu

Christophe Dugros est à la tête d'une exploitation de 210 hectares avec 5 bâtiments de poulets label rouge du Gers.

Il y a 10 ans, Christophe Dugros, céréalier, a diversifié son exploitation et installé quatre bâtiments d'élevage de poulets du Gers label rouge.

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« Cela fait 10 ans que j'ai diversifié mon exploitation. Et le constat est plutôt bon », se félicite Christophe Dugros. Céréalier à Céran, dans le Gers, il s'est installé en Gaec avec son père Claude en 2004, avant de prendre les rênes seul en 2008. En 2010, il a également repris un bâtiment de poulets qui était exploité par sa mère Annie.

Mais le déclic est venu en 2012 : « Mon père avait une entreprise de travaux agricoles (ETA), que j'avais également reprise. Mais entre l'ETA et la ferme, j'avais énormément de travail sur cinq à six périodes de l'année. Et mon père avait l'habitude de faire payer ses travaux en fin d'année. »

Fin de l'ETA

Christophe décide donc d'abandonner l'ETA et de se mettre en quête d'une activité avec « un temps de travail mieux réparti sur l'année et des revenus plus réguliers ». Il se tourne vers la coopérative Vivadour qui recherche des éleveurs de poulets du Gers label rouge. En 2012, quatre bâtiments sont construits, en plus de celui existant. Les poussins arrivent à un jour et repartent 80 jours plus tard. Entre deux bandes, il y a un vide sanitaire de 3 semaines au minimum.

© Christophe Zoia - Les bâtiments sont automatisés en ce qui concerne la gestion de l'alimentation, de la température et de la lumière.

« Pendant ce temps, on enlève la paille, on cure, on désinfecte, énumère-t-il. Ces semaines sont bien utilisées. » Le temps de travail est lissé et Christophe Dugros est payé un mois après la sortie de chaque bande, tous les 4 mois environ. « La seule contrainte, et pas des moindres, ajoute ce père de deux enfants, c'est l'astreinte. Pendant les 81 jours de présence des poulets, il faut être là matin et soir pour ouvrir et fermer les bâtiments, et s'assurer que tout va bien. L'avantage avec le poulet, c'est que les bâtiments sont automatisés. » Ses 66 000 à 88 000 poulets par an lui procurent par ailleurs jusqu'à 90 tonnes de fumier.

Cette diversification dans l'élevage s'est accompagnée d'un agrandissement de l'exploitation de 80 hectares en 2004 à 210 ha aujourd'hui et du regroupement des terres autour de la ferme. « Je n'aime pas être sur la route avec de gros engins », tranche l'homme de 46 ans. Il a décidé de ne pas nourrir ses poulets avec sa production : « Le cahier des charges du label rouge est complexe. Si j'avais fait ce choix, j'aurais dû investir. J'achète donc tous les aliments à l'usine Soal (liée à Maïsadour et Vivadour) à Auch. Ces aliments contiennent une partie de mes céréales que m'achète Vivadour. »

Hausse des prix de l'énergie

Tout se passait bien jusqu'à 18 mois en arrière. « La situation se dégrade parce que tout augmente, témoigne-t-il. Les prix de l'énergie pour chauffer les bâtiments, l'entretien du bâtiment, l'aliment. En poulet, le prix d'achat est indexé sur le prix de l'aliment. Mais, en réalité, les coopératives ont énormément de mal à indexer. La marge est concentrée sur les supermarchés. »

© Christophe Zoia - L'exploitation peut compter sur un bâtiment permettant de stocker 1 200 tonnes de céréales, ainsi que sur un séchoir.

« Avec cinq bâtiments, je visais 1 000 euros par mois en salaire et bénéfice. Depuis un an et demi, on enlève au moins 200 euros de bénéfice. » Autrement dit, quand chaque poussin lui rapportait grosso modo 80 centimes il y a quelques mois, le gain par tête est aujourd'hui de 55 centimes. « Il faut ajouter l'impact de la grippe aviaire, ajoute le polyculteur éleveur. Ici, on n'est pas trop touché. Mais quand les bêtes sont enfermées, elles mangent davantage et grossissent moins. »

Depuis quelques semaines, Christophe Dugros fait d'ailleurs partie d'un groupement d'éleveurs qui tente de négocier de meilleures conditions avec Vivadour (lire l'encadré). Autre solution envisagée : la mise en place d'ombrières photovoltaïques sur les parcours des poulets pour « avoir une petite rémunération supplémentaire ». Le hangar de stockage des céréales accueille déjà des panneaux solaires. Lui refuse pour l'instant d'équiper ses autres bâtiments : « J'ai fait faire des devis pour les renforcer, assure-t-il. Ce sont des sommes astronomiques. »  Cela dit, « si demain l'énergie continue d'augmenter, j'y réfléchirais peut-être. »

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