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Circuits courts Des volailles et des huiles alimentaires à la suite d'une installation

Emilie Lanher (au centre), avec ses parents Annie, associée exploitante, et Patrick, retraité. Pour Emilie, revenir sur l’exploitation signifie surtout d’être son propre patron et pouvoir travailler en famille.

Alors que l’exploitation familiale était classiquement en polyculture-élevage, l’arrivée d’Emilie Lanher s’est traduite par le démarrage de nouvelles activités en circuits courts.

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La pandémie de Covid 19 a eu des impacts sur des choix de vie et de reconversion professionnelle. C’est le cas d’Emilie Lanher qui est arrivée sur l'exploitation familiale, à la faveur du premier confinement, en mars 2020. La jeune femme abandonnant progressivement son métier de coiffeuse, dans un salon en Belgique, tout proche. Ce retour aux sources pour cette fille d’agriculteurs de Montmédy dans la Meuse, Annie et Patrick Lanher, s’est traduit par le démarrage de nouvelles activités. Un élevage de poulets de chair, un atelier d’abattage et de transformation, un magasin à la ferme, le pressage et la vente d’huile ont fait prendre à l’EARL une nouvelle orientation.

Une demande croissante

Si Emilie est toujours coiffeuse, deux jours par semaine, elle s’est installée en octobre 2021, au départ en retraite de Patrick, 62 ans. Elle est ainsi associée avec sa mère Annie. La jeune agricultrice a prévu d'abandonner son ancien métier d’ici peu, car le travail ne manquent pas. La ferme fait traditionnellement de la viande. Les jeunes bovins (JB) sont gardés jusqu’à 18 mois, les femelles, hors renouvellement, jusqu’à 2 ans. Les bêtes sont vendues à un boucher important de la Meuse. Les animaux sont nourris à partir du blé et du maïs produits sur l'exploitation. Un moulin et un aplatisseur ont été achetés. Concernant les cultures, la ferme fait appel à de la prestation de services afin de dégager du temps.

© D. Peronne - Cette presse permet de transformer graines de tournesol, de cameline et noix.

« Tout s’est décidé au premier confinement, raconte Emilie. Le salon où je travaillais a fermé. Je suis venue donner un coup de main à mes parents. Nous avons alors mis en place un petit atelier de volailles. » Face à la demande croissante, les exploitants ont construit eux-mêmes six bâtiments de 36 m2 et d’une capacité de 250 animaux chacun. « Ils sont conçus pour être d’un entretien facile, explique Annie. Le godet pour nettoyer peut y entrer sans problème. »

Chaque bâtiment dispose d’un parcours herbeux de 6 ares. L’ensemble est clos par une enceinte, avec un large portail qui ferme à clé. Émilie s'est formée sur la bio-sécurité, l’abattage, le bien-être animal et les préparations. Les nouvelles installations ont coûté 170 000 €, la Région ayant subventionné à 40 % l'abattoir et le département une partie des bâtiments. Les poulets démarrés, de race blanc, rouge et cou nu, arrivent à l’âge de 5 semaines. Ils proviennent de La Ferme Avicole, située au sud de la Meuse, à Chaumont-sur-Aire. Ils sont nourris avec les céréales et les pois produits sur la ferme.

© D. Peronne - Les six bâtiments pour les volailles ont été construits par les associés eux-mêmes.

Des clients belges aussi

Les volailles sont abattues quand elles ont entre 80 et 100 jours, à raison de 40 à 60 bêtes par semaine, tous les mercredis. La découpe est faite le jeudi, la vente le vendredi et le samedi. La commercialisation se fait en direct dans le petit magasin attenant aux bâtiments, sur des marchés, auprès de restaurateurs et d’épiceries. Les poulets sont vendus entiers ou découpés. Une partie est transformée en mousse de foie, en gésiers confits, conditionnés en bocaux. « Nous sommes les seuls à proposer ces produits dans le secteur, précise Emilie. Nous avons des clients sur une vingtaine de kilomètres à la ronde, y compris des Belges. » Le magasin est ouvert le vendredi de 17 h à 19 h et le samedi de 10 h à 15 h.

Afin de diversifier son offre, l’EARL a démarré la vente d’huiles en bouteilles : caméline, tournesol et noix. « Nous cultivons la caméline avec des pois, explique Patrick. C’est une plante très ancienne, tombée en désuétude. Mais qui est revenue " à la mode " à la faveur de ses vertus. » Une presse a été achetée en Allemagne. La mise en bouteille est faite à la main, 250 ml pour la cameline et les noix, 75 cl pour le tournesol. Le conditionnement peut aussi se faire en bidons de 5 l, une contenance qui a été très prisée lors de la rupture de stock d’huile dans les grandes surfaces. Les résidus du pressage sont utilisés sous forme de tourteaux pour les bovins.

La jeune agricultrice a encore bien des idées : se lancer dans d’autres types de volailles, comme des pintades. Mais ce projet a été suspendu à l’automne 2022, en raison de la grippe aviaire. Elle envisage désormais d’aller plus loin dans la transformation.

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