Gaz à effets de serre : les émissions de la France baissent moins vite en 2025
L’association missionnée par l’État pour mesurer les émissions de gaz à effets de serre (GES) du pays, le Citepa, publie son baromètre trimestriel et son prévisionnel annuel. En 2025, la France poursuit sa baisse, mais bien plus lentement que les années passées.
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L’objectif que s’était fixé la France est encore loin. Ses émissions de GES devraient enregistrer une baisse de 0,8 % en 2025 par rapport à 2024, selon les experts du Citepa qui publient leur baromètre trimestriel le 10 octobre 2025. Cette baisse est « très en deçà du rythme nécessaire pour atteindre les objectifs de la période de 2022-2030, fixés à environ –5 % par an ».
L’objectif est au cœur de la « stratégie nationale bas-carbone (SNBC) » de l’exécutif, qui en élabore une troisième version depuis 2024, afin de respecter les engagements internationaux du pays. « Cette faible diminution des émissions de GES confirmerait le ralentissement de la dynamique observée ces dernières années », a souligné le Citepa, chargé de cette évaluation par le gouvernement. Après les succès de 2022 et 2023 (–3,9 % et –6,8 %), rappellent-ils, la France avait moins bien réussi en 2024 (–1,8 %).
« Nous devons nous ressaisir »
Les émissions brutes françaises (hors puits de carbone) devraient atteindre 366 millions de tonnes-équivalent CO2 (MtCO2e) cette année. Pour le ministère de la Transition écologique qui s’exprime dans un communiqué, « ces résultats ne sont pas bons. Ils ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique, ni des capacités de la France. […] Nous devons nous ressaisir. Nous ne pouvons pas baisser les bras après avoir fait si bien : plus de 20 % de baisse depuis 2017. »
Dans le détail sectoriel, les transports routiers, qui pèsent le plus avec un tiers environ des émissions, devraient abaisser les leurs de 1 % en 2025. C’est mieux que l’agriculture (–0,3 %, pour un cinquième des émissions), mais moins bien que l’industrie et le BTP (–2,2 %, pour un sixième des émissions). Moins importants, les bâtiments résidentiels et de bureau devraient voir leurs émissions augmenter (+0,2 %), tandis que celles du traitement des déchets devraient stagner.
« Les fortes baisses entre 2022 et 2024 s’expliquaient notamment par la réduction des émissions associées à la production d’électricité et l’évolution du mix énergétique », explique le Citepa. Cet effet atteint ses limites en 2025, avec un recours au nucléaire « historiquement élevé » au second semestre, précise l’association. Les émissions du secteur énergétique avaient chuté de 7 % en 2023 puis de 4 % en 2024.
Tendance contrastée sur les émissions agricoles
Entre un repli du cheptel bovin et une hausse des apports d’engrais minéraux, « la tendance est contrastée » sur les émissions agricoles, notent les experts du Citepa. Depuis le début de l’année 2025, la décapitalisation affectera aussi bien le cheptel de vaches allaitantes (–3,2 %) que le cheptel de vaches laitières (–3,5 %). Quand le cheptel de porcs à l’engrais reste stable, celui des truies se replie (–0,9 %) tout comme celui des canards (–10,8 %) et celui des poulets est en hausse (+4,1 %).
Du côté des engrais minéraux, leurs livraisons connaîtront une nette hausse de 13,6 % pour la campagne de 2024-2025 par rapport à la précédente, selon les estimations du Citepa, avec une hausse afférente de 10,1 % des apports en engrais azotés. Ainsi les émissions de protoxyde d’azote (N2O) devraient augmenter de 3,5 % cette année par rapport à 2024, quand ceux de méthane (CH4) s’inscriront en baisse de 2,9 %, en lien avec le recul du cheptel bovin. Enfin, les émissions de CO2 devraient augmenter de 1,8 % en raison « d’une hausse des apports en urée et des consommations énergétiques en agriculture », conclut le Citepa.
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