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Essais Sélectionner des bovins allaitants plus efficients

D'après les résultats, les génisses charolaises affichant un poids de naissance plus élevé ont une précocité sexuelle plus tardive.

Des essais, menés sur dix ans, ont étudié la précocité de génisses charolaises et son lien avec l'efficience alimentaire, dans l'optique de sélectionner des animaux mieux armés face aux aléas climatiques.

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Précocité, efficience alimentaire et résilience, voilà trois piliers qui semblent indispensables pour préparer les bovins au changement climatique. "Alors que les sécheresses se multiplient, des restrictions alimentaires subies sont de plus en plus à craindre à certaines périodes de l'année", soulève Pauline Martin, experte en génétique et génomique bovine à l'Inrae. Pour y faire face, la vache de demain doit se montrer efficiente : elle doit atteindre la puberté tôt, de manière à réduire les périodes improductives, valoriser au mieux son alimentation et s'adapter aux variations de ressources fourragères disponibles, tout en assurant la croissance de son veau.

Mais existe-t-il une variabilité et un déterminisme génétique de ces caractères suffisant pour les envisager en sélection ? Et quels sont les liens entre eux ? Ce sont les questions que se sont posées les chercheurs Inrae dans le cadre d'une expérimentation de grande envergure, nommée Preccaval (Précocité et Capacité Adaptative de la Vache Allaitante) (1). Les travaux ont été conduits conjointement sur les sites Inrae du Pin-au-Haras, dans l'Orne, et de Bourges-La-Sapinière, dans le Cher, entre 2011 et 2020. 

Réduire le poids de naissance

En premier lieu, 650 femelles charolaises ont été suivies de leur naissance jusqu'à l'âge de 22 mois. Leur croissance, leur précocité sexuelle et de développement ont été étudiées à travers une série de mesures. Les résultats montrent que l'âge à la puberté est héritable (0,21) et qu'il existe une corrélation génétique positive entre le poids de naissance et la précocité sexuelle. En d'autres termes, "les femelles ayant un poids de naissance plus élevé s'avèrent plus tardives", explique Sébastien Taussat, ingénieur de recherche chez Eliance. Également, les facteurs environnementaux favorisant une bonne croissance induiraient une puberté plus précoce. Ainsi, "une sélection génétique visant à réduire le poids de naissance combinée à de bonnes pratiques d'élevage permettrait, de surcroît, d'améliorer la précocité sexuelle des génisses charolaises", note-t-il. 

Dans un second temps, des mesures d'ingestion ont été réalisées sur 569 génisses en station de contrôle individuel entre 22 et 24 mois d'âge, afin d'estimer leur efficience alimentaire (EA). "Un lien favorable apparaît entre cette efficience et la précocité sexuelle", renseigne Sébastien Taussat. "Mais les dépenses énergétiques des bovins évoluent au cours de leur vie, précise Pauline Martin. C'est un phénomène à prendre en compte quand on s'intéresse à l’EA. En fonction de l’âge auquel on l'évalue, les corrélations avec les autres caractères peuvent changer". 

Challenge alimentaire

En dernier axe, la résilience au cours de la lactation de 340 de ces femelles a été étudiée lors d'un "challenge alimentaire". Dix jours après le vêlage et pendant tout l'hiver, la moitié des vaches a été nourrie à volonté, alors que les autres ont reçu une ration restreinte de 3 UF en dessous des besoins théoriques. Les deux lots ont ensuite été conduits ensemble à partir de la mise à l'herbe pour une phase de récupération jusqu'à mi-juillet. 

D'après cet essai, la restriction alimentaire a impacté de façon équilibrée les fonctions biologiques des vaches (poids de la mère et du veau, état corporel de la mère et production laitière). " Nous avons constaté que les femelles les plus efficientes entre 22 et 24 mois produisaient moins de lait que les inefficientes, aussi bien pour les charolaises à volonté que les restreintes", décrit Pauline Martin. Aussi, chez les animaux restreints, la reprise de cyclicité est plus longue pour les femelles efficientes que les inefficientes. Le phénomène inverse a été constaté chez les animaux à volonté.

Somme toute, "autant sur la précocité sexuelle que sur l'efficience, il paraît plus pertinent de considérer ces paramètres sur l’ensemble de la carrière de l’animal", révèle la spécialiste.

(1) Cette expérimentation s'est notamment inscrite au sein des projets de recherche Beefalim 2020 et GenTORE. 

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