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« Je plante du caroubier pour faire face à la sécheresse »

Cédric Larrieu (au centre), accompagné de sa famille et de Yannick Masmondet (à gauche) et Thierry Laplaige (à droite), patron et associé d'Oil'live green, qui lui achèteront sa production de caroubes.

Cédric Larrieu, céréalier à Miélan (Gers) a décidé de planter des caroubiers, qui « résistent à la sécheresse et valorisent des terres à bas rendement ».

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Caroubier. Arbre à fruits de la famille des fabacées, qui produit des caroubes : des gousses de 10 à 20 cm de long, marrons, qui contiennent des graines. Un arbre qui paraît exotique mais qui pousse aussi en France. Ainsi, Cédric Larrieu, qui cultive 140 hectares de céréales à Miélan, dans le Gers, vient de planter une centaine d’arbres, sur 45 ares. « Mon objectif, à moyen terme, est d’arriver à une vingtaine d’hectares de caroubiers. C’est surtout une façon de se diversifier et de faire face à la sécheresse ».

Certes pas celle de cette année, mais « on en a connu ces dernières années. Et on en connaîtra, c’est sûr, dans les années à venir », anticipe le quadragénaire. Le Gers fait ainsi partie du plan Agriculture climat Méditerranée, lancé par le gouvernement, qui prévoit notamment 20 % de précipitations estivales en moins en 2100.

Un arbre économe en eau

« On sait que les territoires du pourtour méditerranéen et de l’axe toulousain sont compatibles avec cette culture », assure ainsi Yannick Masmondet, patron d’Oil’live green, qui a pour objectif de créer une filière industrielle d’olive et de caroube. En effet, déclare-t-il, « il faut des territoires où les gelées ne descendent pas sous les -7 °C, et l’arbre s’adapte à tous les types de sol, même si on évite les sols sableux, trop poreux ». « Ici, indique Cédric Larrieu, on est sur de la boulbène légère : quand il fait sec, il fait sec ! »

Yannick Masmondet ajoute : « Le caroubier est ultra-économe en eau. Et s’il fait sec en été, il aura fait ses réserves ». Dans un article récent, Rachid Razouk et Reda Meziani, chercheurs à l’Inra du Maroc, confirment : « Des travaux de recherche ont attesté de la capacité du caroubier à mieux résister au stress hydrique que d’autres espèces telles que le chêne vert, le cèdre et l’olivier, assurant des productions sécurisantes en zones arides, avec une pluviométrie de 250-350 mm ».

Deux ans d’irrigation et puis plus rien !

Reste la question de l’itinéraire technique. « Les plantations se font de février à juin ou de mi-septembre à mi-octobre », signale Yannick Masmondet. Thierry Laplaige, son associé, expose : « Les deux premières années, l’arbre doit être irrigué assez régulièrement. Il faut donc le surveiller et mettre environ 10 litres, au pied, à chaque arrosage. » Après cela, plus d’eau !

Le travail du sol « dépend des zones », mais « se réalise principalement les deux premières années. Ensuite, autant que faire se peut, il faut de l’enherbement naturel, pour ramasser les fruits au sol, comme pour la noisette ou la noix », détaille-t-il. Chaque année, le spécialiste conseille un passage d’engrais organique à l’automne (1 à 1,5 t/ha) et de matière azotée en avril ou mai en fonction de la structure des sols. Côté insecticide, « ce sera au pire un passage ou deux par an, mais on n’est pas sûr d’avoir de ravageur de cet arbre en France ».

La récolte, mécanique, a généralement lieu de mi-juillet à mi-août. Les arbres commencent à produire au bout de trois ans et atteignent leur pleine production (40 kg) à cinq ou six ans. Ils sont plantés en 7x7 m et taillés à 8 m de hauteur. Cédric Larrieu conclut : « Pour moi, c’est un autre métier. Mais ça s’apprend… »

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