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« Je cultive des myrtilles en Sologne »

Camille Savouré a planté 1,5 ha de myrtilles en Sologne.

Dans les terres acides, Camille Savouré a créé une production de myrtilles. Étant une des rares productrices dans son secteur, la commercialisation fonctionne bien. En France, cette culture pourrait être davantage développée.

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Alors que la consommation de myrtille, en tant que « fruit santé », ne cesse d’augmenter depuis dix ans, la France ne couvre que 17 % de ses besoins, avec 3 000 t/an sur 550 ha (1). Le reste est importé. Face à ce potentiel de développement, Camille Savouré a décidé de planter 1,5 ha de cette baie bleue en Sologne, avec des petits fruits rouges en complément (5 000 m²). La jeune femme s’est installée en 2019 sur une friche, à Pierrefitte-sur-Sauldre (Loir-et-Cher).

« J’ai trouvé un terrain acide, autour de 5,5 de pH, mais il était assez hydromorphe et la myrtille n’aime pas avoir les pieds dans l’eau. Je l’ai fait drainer à 5 mètres. » Un forage est créé et le goutte-à-goutte est installé. « Pour la préparation du sol hydromorphe, je recommande de planter sur des buttes avec des apports de tourbes et de copeaux de résineux, conseille Magalie Léon-Chapoux, experte arboricole indépendante. C’est une étape décisive pour les myrtilles. Après, l’acidité du sol est maintenue par la fertirrigation. »

Camille Savouré a créé le Verger de la Croix, avec un fruit phare, la myrtille. (©  Cyril Dufloux)

Un paillage de copeaux et toile tissée

En 2020, Camille plante les myrtilles : 3 333 pieds/ha, à raison d’un plant tous les mètres et des rangs espacés de 3 mètres. Son mode de commercialisation, en cueillette libre au verger, l’incite à planter une dizaine de variétés de Vaccinium corymbosum afin d’étaler les récoltes, de la mi-juin à la mi-août : Reka, Collins, Duke, Legacy, Darrow, Bluecrop, etc. Seule sur son exploitation, Camille passe une partie de l’hiver à la taille des arbustes, entre 1 et 1,5 minute par plant.

Pour le désherbage, la productrice a opté pour un paillage de copeaux de bois, qu’elle renouvelle tous les ans. « C’est bien pour les besoins de la plante, mais c’est cher, 16 €/m³ et long à mettre en place. Je commence à poser de la toile tissée sur les copeaux. C’est très efficace et ça dure une dizaine d’années », explique Camille, lors d’une journée d’échanges le 30 janvier, organisée par l’association des producteurs de myrtilles.

Quant à la fertilisation, elle apporte du sulfate d’ammoniac manuellement, puis 60 à 100 unités d’azote, potasse et phosphore, en fonction des analyses du sol et foliaires, en fertirrigation. « Les années humides comme 2024, je n’ai pas besoin d’arroser. Donc, j’apporte moins d’engrais », ajoute la productrice. La myrtille peut être attaquée par les oiseaux, les drosophiles suzukii, les cochenilles ou encore les chenilles. Camille a préféré limiter les investissements au départ et ne pas mettre de filets. Elle applique un traitement antichenilles et un fongicide contre le botrytis suivant ses observations.

Un verger rentable à moyen terme

En 2023, le verger avait produit six tonnes de baies. Normalement, les quantités doublent d’année en année, jusqu’à la pleine production (12 t/ha) des arbustes en septième année. Mais cette année, avec le manque d’ensoleillement, Camille envisage une production stable. Avec un prix en cueillette libre à 5,5 €/kg (85 % de sa production) et 105 000 € d’investissement, le verger de myrtilles devrait être rentabilisé en six à sept ans.

La difficulté était principalement lors de l’installation. Les trois premières années, le rendement est trop faible pour s’installer en tant qu’agricultrice. Camille a donc mené de front une activité salariée et la création du verger. En tant qu’agricultrice à titre secondaire, elle n’a pas eu le droit aux indemnités de maladie ni au service de remplacement pendant sa grossesse. « Pas facile de débuter une production pérenne ! Je conseille la myrtille en complément d’une autre production. »

(1) D’après l’Association des producteurs de myrtilles de France (APMF).

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