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Marchés Le blé tendre français reste compétitif vers les pays tiers

La collecte de blé tendre est revue à la baisse, ainsi que les utilisations domestiques et les exportations vers l’Union européenne.

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Comparé au mois dernier, les postes prévisionnels d’utilisations domestiques pour 2020-2021 ont été affinés, notamment pour le blé tendre avec une légère diminution des disponibilités. « La collecte est revue en baisse de 130 000 t environ », a indiqué Marion Duval, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre, à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer ce 10 décembre 2020. Et côté utilisations, les mises en œuvre en meunerie et en amidonnerie sont en retrait comparées à la précédente campagne. Sur la meunerie la baisse est de 50 000 t.

 

Pour les exportations, des modifications sont également à noter. Sur l’Union européenne, une baisse de 150 000 t est pratiquement entièrement imputable à une diminution de flux vers le Royaume-Uni. Cela s’explique par une bonne compétitivité du blé tendre, notamment allemand, qui est venu prendre des parts de marché à la France.

 

En revanche vers les pays tiers, la France reste compétitive avec un flux soutenu avec une offre qui plaît toujours à la Chine. Et malgré la faible disponibilité française, l’offre hexagonale reste toujours présente chez d’autres clients. FranceAgriMer a donc revu à la hausse de 100 000 tonnes les exportations vers les pays tiers à 6,95 millions de tonnes. Le stock final reste stable.

Hausse des surfaces aux États-Unis

En ce qui concerne les perspectives de semis de blé pour 2021-2022 à l’internationale, on note les progressions pour l’Europe à 27 avec 24,5 millions d’hectares prévus, contre 22,7 millions d’hectares en 2020-2021. Hausse aussi pour le Kazakhstan à 11,3 millions d’hectares (+ 3 %) et pour les États-Unis à 15, 4 millions d’hectares, contre 14,9 millions d’hectares la campagne précédente.

 

« Pour les États-Unis, il s’agit d’une progression qui n’avait pas été relevée depuis plusieurs années puisque la tendance forte s’inscrit à la baisse. En 2006-2007, les surfaces s’établissaient autour de 20 millions d’hectares, et ont chuté progressivement à 15 millions d’hectares. Ce seuil symbolique, s’il se vérifie, pourrait marquer l’inflexion au regard de la baisse qui s’était faite à l’avantage du maïs », a expliqué Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre.

 

À signaler en revanche les prévisions en baisse pour l’Australie (- 9 %), l’Ukraine (- 7 %) et l’Inde (- 8 %). Ainsi, au niveau mondial, la diminution des surfaces de blé serait de 1 % à 221,7 Mha.

Grand retour de l’Australie

On peut relever le grand retour de l’Australie, du Canada et des États-Unis dans les échanges mondiaux. Et si les récents cours mondiaux s’inscrivent en baisse, cela est dû à la pression de l’offre, avec notamment la révision à la hausse des récoltes canadiennes et australiennes.

 

Il existe surtout une très forte compétitivité des blés australiens. « L’Asie en est le premier débouché et avec son niveau de prix, on peut attendre une percée vers l’Afrique du Nord et le Moyen Orient, ajoute Marc Zribi. Et contrairement à ce qui se passe sur les orges, les exportations vers la Chine de blé australien (1,4 million de tonnes en 2019/20) pourraient rester élevées car ce blé qui répond spécifiquement à la demande boulangère chinoise. »

 

Autre point à signaler : la décision du gouvernement argentin d’obliger les exportateurs à convertir en pesos sous les 15 jours les dollars issus des recettes d’exportations des céréales, sous peine de perdre leur registre d’exportation. « Une situation économique tendue dans ce pays qui risque de l’être encore plus par la nouvelle grève des inspecteurs des céréales et oléagineux, ce qui pourrait retarder les chargements de navires », ajoute-t-il.

Focus sur l’Égypte, la Mer noire et la Chine

Sur l’Égypte, une baisse de 5 % des achats totaux (soit 4,269 millions de tonnes) est notée au 1er décembre en comparaison de la même période en 2019-20. Cette diminution s’explique principalement par le fait que ce pays a désormais atteint des réserves stratégiques de blé suffisantes pour couvrir les besoins du pays pendant près de six mois.

 

« Si l’on considère que la Russie comme l’Ukraine ont massivement exporté durant les premiers mois de campagne, entre juillet et novembre, l’objectif total de la campagne a été atteint à plus de 60 %, voire deux tiers pour l’Ukraine, estime Marc Zribi. Cela augure une moindre présence à l’exportation de ces deux pays en blé à compter du mois de janvier 2021. Dans ce contexte d’exportations très dynamiques, les rumeurs de limitations de mise en place du quota à l’exportation de céréales s’accentuent. Des décisions devraient être prises au regard de l’évolution des prix intérieurs russes. »

 

En Chine les importations de céréales progressent de manière extrêmement forte. « Ce pays fait le gros de la demande et des achats notamment en blé tendre et maïs, appuie l’expert. Cela est en lien avec des stocks de maïs particulièrement déficitaires depuis quatre campagnes. Ces évolutions, très importantes au niveau mondial, ne semblent pas disproportionnées au regard des variations annuelles de stock et cela si on considère l’évolution des besoins. Particulièrement ceux liés à la reconstitution du cheptel porcin et en viande de volaille. »

 

À lire aussi :Les stocks mondiaux de maïs au plus bas depuis cinq ans (17/11/2020)

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