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Manager des salariés, ça s’apprend !

Laura Morel essaie d'écrire régulièrement les tâches à faire pour le salarié.

Deux agriculteurs ont suivi une formation de management pour avoir des relations sereines avec leurs salariés. Ils retiennent surtout l’importance de faire des points quotidiens et annuels sur les tâches à réaliser.

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« Savoir travailler c’est bien, savoir manager c’est une autre histoire. » Au cours de son parcours d’installation, Paul a voulu suivre une formation destinée au management des deux salariés de la ferme familiale. Une formation de deux jours « intéressante », avec une dizaine d’agriculteurs. « Certains connaissaient bien le sujet, donc ça permet d’avoir un retour sur expérience », se rappelle Paul, satisfait. Il regrette l’absence de formation en management lors de son BTS Acse : « On nous apprend à élever des animaux, à suivre des cultures, mais il faut aussi savoir manager ! »

Le format d’échanges a aussi plu à Laura Morel, cheffe d’exploitation dans l’Orne, qui a bénéficié de la formation financée par Vivea dans le cadre de sa présidence au service de remplacement local.

Échange de cas concrets

La deuxième journée de formation permet de faire un point sur la réglementation en vigueur en restant centré sur les cas concrets. Téléphone au travail, traite à 5 heures du matin… « On a pu poser des questions sur ce qu’on rencontrait comme difficultés. » Et « il y a des choses qu’on ne savait pas », observe Laura, en prenant l’exemple de l’existence de jours de congé en cas de d’événement familiaux et d’arrêt de maladie du salarié. « Tout ça, ce sont des droits qu’il faut appliquer : si on veut que cela se passe bien, il faut n’avoir rien à se reprocher des deux côtés. »

Depuis, elle a mis en place deux outils qu’elle a découverts pendant la formation : l’entretien annuel et la fiche de poste. Le recrutement du nouveau salarié s’est fait avec les conseils de la formation pour l’entretien d’embauche et via la création d’une fiche de poste détaillant les missions confiées au salarié. « Le salarié a apprécié car ça lui permet de situer comment nous travaillons », se réjouit l’éleveuse.

La chambre d'agriculture propose un document pour remplir une fiche de poste « clé en main ». (©  Johanne Mâlin/GFA)

Pour Paul, il est important de s’accorder sur des tâches définies sur l’exploitation. « Si on recrute quelqu’un pour les vaches, il faut un salarié avec un intérêt pour l’élevage. »

L’intérêt de mener des entretiens annuels de bilan avec les salariés a aussi convaincu les deux jeunes chefs d’exploitation. « On a appris qu’il fallait prendre un temps dans le bureau, et les mener séparément », indique Laura, « même si on est en couple ou associés, parfois, cela peut se passer mal juste avec une seule personne. » L’entretien annuel permet de faire un point « sur les activités que le salarié aime, ce qu’il voudrait changer ou faire à l’avenir », ajoute Paul.

La chambre d’agriculture a transmis plusieurs documents « clés en main » pour accompagner les agriculteurs à mener ces entretiens avec des idées de questions du côté de l’employeur et du salarié des tableaux avec la maîtrise ou non de certaines activités… Cela permet aussi de faire le point sur l’évolution des compétences du salarié, « il faut aussi savoir dire quand ça va », assure l’éleveuse, qui accueille des salariés depuis quatre ans.

Des modèles de compte-rendu d'entretiens annuels sont proposés lors de la formation. (©  Johanne Mâlin/GFA)

Se décharger l’esprit

Si la communication peut parfois rester difficile, la faute à un trop-plein de boulot ou un manque de tact, Laura et son mari s’attachent à faire un point le week-end et à remplir un tableau avec les tâches à faire si le salarié est seul sur l’exploitation.

Paul a choisi le même système en quadrillant son tableau aimanté des jours de la semaine, avec les tâches quotidiennes (vaches à partir à l’abattoir, rations, génisses taries…). Les salariés ont aussi un espace pour écrire des informations relatives aux stocks (lessive, poudre de lait…) « Sinon, ça me charge l’esprit pour des informations qui ne sont pas importantes et que je risque d’oublier », explique l’agriculteur.

Paul a fait le choix d'un tableau aimanté pour y accrocher les papiers d’animaux si besoin. (©  Paul.C.)

Salle de pause et convivialité

Tous deux ont gardé une place particulière à la pause-café quotidienne qui permet d’échanger sur les tâches et passer un moment convivial, au chaud. La salle de pause du Gaec Morel, qui propose toilettes, évier, frigo, table et chaises, a été faite « pour les salariés », tandis que Paul a mis en place cette habitude « aussitôt » qu’il s’est installé.

La réglementation sur les avantages en nature a aussi été rappelée pendant leur formation : la fourniture des repas, le panier garni et la carte-cadeau sont soumis à règlementation et peuvent bénéficier d’une déduction fiscale. C’est une autre façon de garder ses salariés motivés, explique Laura, qui tient à offrir des paniers garnis de fin d’année.

Paul retire un dernier enseignement de la formation. L’échange entre agriculteurs « permet aussi de confronter nos regards et nos avis sur les salariés avec qui on travaille et de relativiser ! »

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