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En zone littorale, sauvegarder l’agriculture

Le bâtiment communal abrite le laboratoire de transformation, le magasin à la ferme ainsi qu’un hangar.

Grâce au portage d’un bâtiment par la commune, l’Île-d’Arz a pu installer une exploitation laitière mais les contraintes liées à la loi sur le littoral demeurent.

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Au début du XXe siècle, on dénombrait 11 fermes sur la commune de l’Île-d’Arz, située dans le golfe du Morbihan. Aujourd'hui, il y en a une seule après des années sans rien. « Aux élections de 2008, nous avions mis dans notre programme de lutter contre l’enfrichement du fait de la déprise agricole. La solution était de remettre des agriculteurs », témoigne Daniel Lorcy, du conseil municipal actuel et ancien maire de 2008 à 2014.

Après un appel à la candidature de la mairie, l’équipe municipale a retenu le projet d’un jeune couple d’éleveurs qui proposait de venir avec un troupeau de vaches bretonnes pie noir et de faire de la transformation laitière (fromage, yaourts…). Ils se sont installés en 2010. Dès le départ, la municipalité a mis à disposition 10 ha de terres communales. Elle a fait appel aux propriétaires, ce qui a permis de récupérer 20 ha de plus loués par bail.

Constructions limitées

Mais qui dit transformation dit bâtiment. Sur les îles, la plupart des bâtiments agricoles ont été transformés en logements et résidences secondaires. La loi Littoral s’applique à toutes les communes qui ont une façade maritime. Elle n’empêche pas l’agriculture mais elle limite fortement les constructions en créant deux types d’espaces : les espaces « proches du rivage », dans lesquels l’urbanisation ne peut se faire qu’en continuité des agglomérations et villages déjà existants ; les espaces dits « remarquables », dans lesquels les constructions indispensables à l’exercice d’une activité agricole mettant en valeur ces espaces sont possibles mais dans la limite de 50 m².

« Or, sans infrastuctures, un producteur ne peut rien faire », explique Mary-Anne Bassoleil, animatrice du RAIA (1). Les îles ne possèdent pas d’espace rétro-littoral qui leur permettent de faire ces bâtiments. » La commune a trouvé la solution en construisant elle-même le bâtiment sur un terrain à proximité d’un secteur destiné à la construction d’un lotissement. Un avis favorable a été donné à la construction d’un hangar et au laboratoire de transformation.

Par contre, il n’a pas été possible de construire une stabulation. « Les agriculteurs ont pu garder leur argent pour investir dans le cheptel, le système mobile de traite et le matériel de transformation. La municipalité loue le bâtiment pour un loyer annuel de 2 500 € par an, ce qui correspond à l’annuité de prêt », détaille Daniel Lorcy. Autre intérêt : à la fin de leur carrière, ils libéreront le lieu qui pourra être loué à de nouveaux exploitants garantissant le mantien de la vocation agricole du bâtiment.

Viabilité économique

En 2014, la commune a voulu réitérer l’initiative en installant un couple de maraîchers. Mais le plan local d'urbanisme (PLU) trop restrictif ne l’a pas permis. « Presque tous les espaces non urbanisés de l’île sont classés en espaces naturels remarquables dont les parcelles proposées au futur maraîcher, faute d’anticipation du potentiel agricole lors de l’élaboration du PLU. Or les 50 m² maximum de tunnels autorisés par ce zonage ne sont pas suffisants pour assurer la viabilité économique d’une exploitation en maraîchage », analyse Mary-Anne Bassoleil. De plus, une association de propriétaires de résidences secondaires menacait de s’opposer au projet. Il reste donc encore du travail à faire !

(1) Réseau agricole des îles atlantiques.

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